Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON.             39

rum. Or, de l'examen de ce volume, un savant écrivain (1)
a cru pouvoir affimer que les Juntes de Venise étaient les
seuls et véritables ordonnateurs des contrefaçons des
livres de Aide ; que le blâme devait retomber complè-
tement sur eux, et non sur les typographes lyonnais. Si
on demandait pourquoi les Giunti ne faisaient pas fabri-
quer, de préférence, ces volumes dans leur ville natale ,
M. Pinkerton répondrait qu'il y avait plus d'un motif :
« D'abord la fraude exécutée à Venise eût été trop
« facile à découvrir et trop évidente pour échapper à la
« rigueur des lois, mais voici les deux principaux motifs :
« 1° les privilèges pontificaux et impériaux accordés
« à Aldus rendaient l'Italie, et même l'Allemagne , des
« pays très-peu sûrs pour les fabrications rivales, qui
« ne pouvaient s'exécuter qu'en violation formelle de
« ces solennelles concessions. La France, au contraire,
« jouissant alors des libertés de l'Église gallicane, confir-
« mées par la pragmatique sanction, n'était aucune-
« ment tenue de respecter les privilèges pontificaux,
« ni ceux du chef de l'empire; 2° la grande foire de Lyon
« était alors ce que devint ensuite celle de Francfort-sur-
« le-Mein, et ce qu'est, depuis un certain temps, celle de
« Lepsick, le centre du commerce des livres et de beau-
< coup d'autres sortes de marchandises de l'Italie, de
.
« l'Allemagne, de la France et des Pays-Bas. L'Angleterre
« même, malgré son éloignement, était quelquefois repré-
« sentée à cet immense marché. Aussi voyons-nous que
« les libraires et les imprimeurs de Lyon, favorisés par
« ces débouchés commerciaux, étaient beaucoup plus nom-
« breux que ceux de Paris, dont le débit paraît avoir
« été plus local et plus circonscrit. »

  (1) M. Pinkerton.