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 27(5                        PHILOSOPHIE.

   il reste un point dans l'âme que le mot seul de Dieu, de l'immor-
  talité, peut toucher. Ici, le résultat n'est plus la conquête d'une
   amélioration purement matérielle, de quelque instrument d'agri-
   culture ou d'optique ; il s'agit de quelque chose de plus relevé
  que la terre, de plus haut que les étoiles elles-mêmes, il s'agit,
  pour l'homme, de trouver la règle de sa vie dans le temps, afin
  de s'y frayer un chemin vers son b u t , à savoir sa destinée future
  dans l'éternité. « Cette règle, nous l'avons, » diront nos prêtres,
  en nous indiquant un livre où sont retracées les paroles de Dieu;
  « le chemin est le même que suit, depuis bientôt dix-neuf siècles,
  la portion la plus éclairée de l'humanité, sur les traces d'un
  Dieu fait homme pour enseigner au monde et cette règle et
  cette vie. » Les simples disent de leur côté : « Nous croyons,
  nous prions, nous aimons, nous souffrons, et cela nous suffit.
  Nous attendrons pour savoir le reste jusqu'au jour où toutes les
  ombres doivent s'évanouir à la clarté de la face de Dieu. » Mais
  ces réponses ne parviennent pas à satisfaire la raison sévère,
 exigeante, inquiète et orgueilleuse de ce siècle. La foi, vive et
 légère comme l'oiseau, veut s'envoler au ciel ; la tradition, assise
 au pied du sanctuaire, déploie ses titres vénérables ; la raison
 reste pensive à la porte du temple, et ni l'élan de la foi ni l'au-
 torité de la tradition ne peuvent la satisfaire. Que veux-tu,
 raison sévère et rebelle, que nous devons aimer et respecter
 pourtant comme une des étincelles divines qui éclairent le foyer
 de notre âme ? Ce que tu veux, je le devine ; car je suis, moi
 aussi, l'enfant de mon siècle. Tu aspires à t'élever vers les régions
 du bonheur, beata arva ; mais tu cherches une base ferme et
 sûre ; tu envies le sort des conquérants pacifiques du royaume
de Dieu, dont tu soupçonnes, dans ton faible raisonnement, les
sublimes lumières ; mais tu es prudente à l'excès, tu refuses
d'une main étrangère le mystérieux rameau d'or de l'initiation ;
tu ne veux t'acheminer à la grande conquête qu'armée de tes
propres armes, de tes armes accoutumées : ton expérience, ta
logique, ton analyse, ta rare synthèse. Ta marche sera lente,
j'en conviens, ton procédé laborieux, mais tu arriveras, toi
aussi, si la bonne volonté te donne persévérance et courage, tu