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                     LE PÈRE DE LA CHA1ZE.                       135
élus; « tous ceux que Dieu veut sauver par Jésus-Christ le sont
infailliblement. »
   L'hérésiarque ne se bornait pas à ébranler en théorie la doc-
trine chrétienne ; pour arriver plus facilement à la détruire , il
s'efforçait d'anéantir la hiérarchie sacerdotale et toute subordi-
nation. En 1705 , dans son Anatomie de la sentence de M. de
Malines , il s'était déchaîné avec emportement et hauteur contre
les papes , les évêques et les souverains. Ainsi avait-il fait déjà ,
lorsqu'un décret du saint Office du 28 juin 1676 avait condamné
ses notes de l'édition nouvelle des œuvres de saint Léon. Plus
tard , il soutint « que le pape n'avait pas le droit d'exiger le for-
mulaire ; que chaque individu juge si la sentence ecclésiastique qui
le frappe d'excommunication est juste ou non ; — que l'Église ,
devenue vieille et décrépite , ne connaît plus la vérité, que même
elle la persécute. »
   On comprendra sans peine que. Louis XIV, éclairé par les dan-
gers du trône , et fidèle à la politique traditionnelle de ses an-
cêtres , ait consacré les dernières années de sa vie à l'extinction
du jansénisme. Il ne faisait d'ailleurs que céder aux désirs de
l'immense majorité des catholiques et du clergé de France. La
condamnation du livre pernicieux de Quesnel devint la préoccu-
pation la plus constante de ses dernières années. Il fut puissam-
ment secondé dans la poursuite de ce projet par le prélat le plus
vertueux et le plus tolérant de son siècle, par Fénelon. Nul mieux
que l'archevêque de Cambray n'avait percé à jour la doctrine du
jansénisme ; il avait consacré sept volumes de ses ouvrages à la
réfuter delà manière la plus lumineuse; il en savait tout le péril;
aussi travailla-t-il sans relâche à l'anéantir. Il adressa même au
pape un mémoire secret dans lequel il appelait sur la secte toute
sa sévérité. « Si l'on n'y emploie, disait-il en concluant , des re-
mèdes vigoureux, il n'y a point de danger que l'Eglise n'ait à
craindre. » Ne dirait-on pas que Fénelon, esprit pénétrant s'il
en fut et théologien consommé , a comme entrevu dans l'a -
venir menaçant, la Constitution civile du clergé et les plaies
sans nombre dont elle devait frapper l'Eglise?
  Clément XI occupait alors le trône pontifical. Profondément