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 504                BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
   fluence de son adversaire, homme puissant par lui-même et
   par ses alliances, il obtint un arrêt qui suspendit le procès, sans
  le terminer toutefois.
      Ce succès, l'initiation aux luttes judiciaires qui avait été le
   résultat de ses efforts pour l'obtenir, le désir peut-être de pro-
  téger les autres contre des agressions semblables, déterminèrent
  la vocation du jeune V. Reyre. Reçu licencié à Avignon en 1784, il
  ne tarda pas à débuter au barreau et prit rang, dès son entrée dans
  la carrière, parmi les avocats les plus distingués de notre ville.
      Mais la révolution approchait et avec elle le moment où tant
  d'existences devaient être jetées hors de leur voie. Si le jeune
  avocat salua l'avènement du jour qui promettait des réformes
  appelées par tous les hommes sages, son enthousiasme ne fut
  pas de longue durée. A voir le commencenient de l'œuvre, il
  s'effraya de l'ardeur des ouvriers, et, craignant que le but ne
  fût dépassé, il se rangea, sans hésiter, dans le parti de la ré-
  sistance. 11 continua néanmoins l'exercice de sa profession;
  quelques fonctions publiques lui furent confiées, et il fit partie
  du comité dit des Cinq, spécialement chargé de l'administration
  des subsistances, ij l'époque du siège. Mais après le siège, au-
  quel il prit part, sous les ordres du général de Précy, forcé de
 se cacher d'abord, il parvint ensuite, sous un déguisement, à
  sortir de la ville. Il put ainsi, changeant de retraite, échapper,
 pour quelque temps, aux recherches dont il était l'objet. Mais,
-ayant voulu se rapprocher de Lyon, il fut arrêté et amené dans
 les prisons d'où il ne fût sorti que pour marcher à la mort, si,
 le jour même de son arrestation, ne fût parvenue la nouvelle de
 la chute de Robespierre. Quatre mois plus tard, libre enfin, il
 se rendait dans le Midi auprès de sa famille paternelle.
   A celte époque, M. Vincent Reyre songea sérieusement à quit-^
ter la carrière du barreau; mais, de retour à Lyon, le calme
succédant enfin à la tempête, il reprit la robe d'avocat qu'il avait
déjà portée avec tant de distinction et qu'il devait échanger plus
tard contre la toge de la magistrature. Il sut bientôt reconqué-
rir lu place que ses débuts lui avaient faite, et vit sa réputation
grandir de jour en jour.