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DE LA FRANCE. i33 légions ; les hordes sarrazines ont passé la mer pour apporter quelques gouttes de sang arabe au sang de ses hardis cava- liers. Nulle part un mélange plus égal, une fusion plus intime de toutes les familles humaines n'a préparé un or- gane plus souple el plus docile à l'harmonieuse intelligence de (butes les idées, à l'universelle sympathie pour tout ce qui porte le nom d'homme. Nulle part ailleurs que sur ce sol où devait se développer la grande idée de l'unité humaine, les différences de caractère ne se sont mieux combinées, les indi- vidualités de race ne se sont plus effacées pour laisser subsister dans leur généralité idéale les (rails essentiels de l'homme ; nulle part l'homme n'apparaît plus libre de la nature, plus dégagé de toute fatalité de sang et de climat; nulle part les fils d'Adam n'ont scellé par un embrassement plus étroil la reconnaissance formelle de leur fraternité. Ainsi le caractère originel de la nation française, c'est de provenir d'une fusion des races les plus diverses, de n'être asservie à aucune prédominance exclusive dans le sang et dans les aptitudes intellectuelles ; d'où résulte une capacité merveilleuse pour recevoir toute idée, pour tout comprendre, pour emprunter à chaque peuple ce qu'il y a de général, de plus universellement humain dans sa pensée, et pour le trans- mettre à celui dont l'esprit est différent. De là enfin l'émi- nente faculté de servir de lien aux originalités les plus anti- pathiques et de donner aux produits variables de l'imagina- tion la forme immuable de la raison. Parmi tous les peuples qui lour-à -tour ont sillonné le sol des vieilles Gaules, il n'en est donc pas un qui puisse revendi- quer à lui seul la paternité de la nation française. Cependant la race qui fut en possession de celle terre avant le mélange des peuples, et qui dût fournir le plus de matériaux à celle transformation, a marqué le type français d'une empreinte plus particulière ; elle a été pour nous comme le sein mater- 28