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                        DE LA FRANCE.                       429

qu'ils doivent suivre pour se conformer librement aux vues de
la Providence.
   Chaque peuple a une mission spéciale dans l'achèvement
de l'œuvre humaine ; c'est là un principe que la philosophie
a le droit de poser avant que l'histoire le démontre , car il
découle de ces idées primordiales, que la création a un but,
que l'homme a un but dans la création ; nier ces vérités,
c'est nier la Providence elle-même. Dans chacun des ou-
vrages de Dieu, l'unité de l'action et du but se combine avec
la variété et la multiplicité des moyens. Chaque être vivant
est une réunion de facultés différentes. Relativement à l'œuvre
que l'humanité doit accomplir, il est permis de la considérer
comme un grand être dont les nations sont les organes d i -
vers. La pensée humaine se développe à travers les âges
comme une vaste symphonie dont chaque peuple est un ins-
trument, et dont l'accord est maintenu par le suprême régu-
lateur des choses. Ce rôle particulier que joue un peuple dans
l'ensemble de l'humanité, c'est là ce qui constitue et ce qui
nous révèle son génie. Energie spontanée et persistante,
principe créateur par lui-même, le génie d'un peuple pro-
duit ses mœurs, ses institutions politiques, ses arts, sa litté-
rature et leur donne le caractère et la physionomie qui les
distinguent : dans chacune de ces manifestations de la vie
nationale le génie de la race se retrouvera tout entier.
   Pour bien déterminer ce génie des races, l'étude des litté-
ratures est la méthode par excellence; elle est la seule quand
il s'agit d'une société détruite. La religion, l'organisation
sociale, l'art même d'un peuple éteint ne subsistent plus que
dans ses monuments littéraires. Qu'est-il resté du culte de
Minerve ou de Vesta, de la démocratie d'Athènes ou du
patriciat romain, où trouver quelque parcelle intacte et vi-
vante des cités antiques? La littérature a survécu seule à ces
ruines; il n'y a plus ni de consuls ni d'archonte-roi, ni de