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DE LA FRANCE. 427
très dans le corps enseignant, je me suis vu accueillir avec
la plus loyale bonté par des collègues qui peuvent produire
tant et de si beaux titres. En comptant pour des services
universitaires quelques travaux modestement accomplis dans
la retraite, le noble esprit qui dirige l'instruction publique
a voulu montrer que l'Université de France embrasse dans sa
sollicitude tout ce qui intéresse même au plus faible degré
l'honneur des lettres françaises, et que nul serviteur du vrai
et du beau n'est un étranger pour ce corps illusîre.
Puis-je craindre de ne pas rencontrer autour de celte
chaire une bienveillance égale à celle qui m'y a fait monter?
ne retrouvé-je pas dans mes auditeurs et mes juges des
compatriotes que je n'ai jamais quittés , des compagnons
d'études qui m'ont eu d'abord pour émule et que j'ai eu plus
tard pour modèles, qui, formés par les mômes leçons se sont
illustrés déjà dans toutes les carrières, qui marchent avec
moi dans celle des lettres, des amis enfin qui sont devenus
mes maîtres, des maîtres qui sont restés mes amis?
J'ai pour gage de sympathie, chez un grand nombre de
ceux qui m'entendent, des traditions conservées du môme en-
seignement. Ces chaires ont pour auditoire naturel une jeu-
nesse initiée à l'esprit philosophique par ce maître émînent
dont les leçons demeurent un lien d'intelligence entre tous
ceux qui les ont reçues, un lien d'éternelle affection envers
celui qui les a données; ce grand esprit dont l'enseignement
socratique a révélé à elles-mêmes tant de hautes et fortes
natures. Depuis vingt ans tout ce qu'il y a eu de plus stu-
dieux , de plus éclairé dans la jeunesse lyonnaise reporte Ã
notre vénéré professeur l'honneur de cette initiation première
qui décide l'avenir du penseur et de l'artiste. Convié maintes
fois à faire entendre sa parole du haut d'une de ces posi-
tions où elle est plus retentissante sans être aussi utile, sa
modestie autant que son dévoûment à la science et à la jeu-