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% LUS FEMMES MARSEILLAISES. 405 Que les femmes marseillaises ont mérité de la véridique his- toire une triple couronne de beauté, de courage et de vertu. Que, dans aucune ville de France ni chez aucun peuple du monde ancien ou moderne, le beau sexe n'a brillé de tant d'éclat vir- ginal qu'à Marseille. Voyez seulement pour ce qui concerne les peuples anciens : Les Hébreux ont fait grand bruit de la vertu d'une seule femme, la chaste Suzanne, encore pourrait-on en rabattre beau- coup de cette chasteté aux prises avec deux vieux juifs fort laids, si j'en juge par le portrait qu'en a fait Valentin ( Moyse ) dans son tableau exposée au musée royal, sous le n° 265. Les Égyptiens, faute de mieux, nous ont laissé l'histoire de Putiphar, dont la fidélité conjugale, comme on sait, n'a tenu qu'à un fil du manteau de Joseph. Les Romains, je m'empresse de le reconnaître, ont eu dans leur Lucrèce un dragon de vertu. Ajoutez Cornélie, mère des Gracques, la sage, la tendre Cornélie, que je préfère de beaucoup à Lucrèce, et vous aurez tout le contingent de la chasteté ro- maine; car on ne peut guère compter les Vestales, à cause du décompte qu'il y aurait à faire avec toutes celles qui ont été en- terrées vives, pour avoir laissé éteindre le feu de Vesta. Les Athéniens, qui ont fait les arts, le drame et la poésie, ont trop adoré dans les femmes la beauté du corps, pour ne pas négliger la beauté de l'âme. A Athènes, le plaisir avait dé- trôné la vertu. On y élevait des autels aux hétaïres et aux courtisanes. Ce fut pour deux de ces donzelles, enlevées par des jeunes gens de Mégare, que se fit la fameuse guerre du Péloponèse. Aspasie ouvre un cours de volupté. Sapho adresse aux jeunes filles de Mitylène des élégies sur les ennuis de la couche solitaire. Anacharsis aperçoit sur la route sacrée un splendide tombeau, un palais sépulcral. 11 demande à son guide quel est le héros qui repose sous ces colonades ? — Ce n'est point un héros, ré- pond l'Athénien, c'est une femme. — C'est donc une femme illustre par ses vertus? — Non, c'est Pythionicé, la courtisane.