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LES FEMMES MARSEILLAISES. 397
antiquité. Et si l'on ne craignait pas les interprétations ma-
lignes, on pourrait dire ici de cette vertu qu'elle se perd dans la
nuit des temps.
Dès l'an du monde 3740 avant notre ère, pendant le siège de
Marseille par Caraumandus, nous voyons les Marseillaises, dans
la crainte de tomber au pouvoir des assiégeants, couper leurs
cheveux pour en fournir des cordes aux arcs de leurs époux
assiégés. « Ceux qui connaissent l'amour des femmes pour la
plus belle de leurs parures, dit à cette occasion un judicieux his-
torien, conviendront que les dames de Marseille ne pouvaient
faire à l'amour conjugale un plus grand sacrifice. »
Grâce à ces amoureuses munitions de guerre, les Marseillaises
repoussèrent les assiégeants, et ce fut fort heureux vraiment,
car alors comme aujourd'hui des Marseillaises à la Titus devaient
être encore fort séduisantes.
Hometia, Lucrèce marseillaise qui florissait dans les pre-
miers siècles de l'ère chrétienne, se tua plutôt que de céder.
C'est l'historien Ruffi qui nous a révélé ce beau fait.
En 1442, autre exemple de foi conjugale héroïque:
Alphonse V, roi d'Aragon, menaçait la ville d'une prise d'assaut;
il avait promis à ses soldats le pillage et autres droits du vain-
queur. Les Marseillaises, alarmées pour leur vertu comme
avaient fait Mesdames leurs grand'mères de l'an 3740, se réfu-
gièrent aux Accoules ; là elles délibérèrent sur les moyens de
préserver leur honneur de l'ardeur incandescente des soldats
arragonais. Après mûre délibération, il fut résolu qu'elles dépu-
teraient au roi Alphonse trois dames prises parmi elles. L'his-
toire nous a conservé les noms de ces trois héroïnes de vertu.
C'étaient Mesdames :
La courageuse ADAGANE,
La hardie RONCELINE,
La belle CHATEAUNEBF.
Introduites auprès du roi, ces dames lui offrirent leurs bagues
et leurs joyaux, à la condition expresse : « qu'elles conserve-