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SOKTIE BES LYONNAIS. 299 suivant les circonstances. Dès-lors la vie que je menais était plus tranquille mais beaucoup plus triste ; les visites cessèrent absolument, et jusqu'au 20 janvier, époque de mon départ, je n'ai été inquiété que par de faux avis et par l'arrivée de quelques commissaires qui venaient seulement faire des réquisitions de grains. Mon ami de Saint-Symphorien, toujours occupé de moi, avait cherché à me procurer un guide; il me trouva un nommé Comtois, ancien domestique du château du Sou. Sa famille était dans un village de Franche-Comté, à cinq ou six lieues des frontières. Il promettait de me rendre à ce village et que de là je trouverais un autre guide qui me mènerait en Suisse. J'eus avec lui une entrevue dans un bois, mais je ne fus pas content des renseignements qu'il me donna, et j'eus lieu de mo méfier beaucoup de son intelligence : son projet étant, en tous les cas, d'aller faire un tour dans sa famille, je lui dis qu'il pouvait partir et que j'attendrais son retour pour me décider d'après les renseignements qu'il me rapporterait. Il partit, en effet, et revint les premiers jours d'octobre; il me dil que les passages étaient encore gardés avec précaution : cependant, d'après d'autres avis, j'étais instruit que la sortie de France était devenue assez facile. J'étais décidé à partir, lorsque le mauvais temps et les pluies continuelles m'otèrent le courage d'entreprendre le voyage à pied. Je convins avec Comtois qu'il partirait encore seul, et qu'à son retour il m'achèterait un cheval et un manteau; il fut de retour de ce voyage dans les premiers jours de jan- vier, il s'occupa de me procurer un cheval et les autres objets que je lui avais demandés ; il arriva à Sainte-A... le 19; je m'étais procuré un passe-port d'une municipalité voisine par le moyen d'un de mes amis. J'y étais désigné comme un maquignon chargé des achats de chevaux pour la république dans le département du Jura.