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258              INSCRIPTIONS ANTIQUES DE LYON.
ractère distinctif, leur cynisme crapuleux et glouton est renommé
chez la plupart des anciens. Ils n'ont, certes, pas épargné les Galls.
Toutefois, les monuments de nos pays qui rappellent le nom de
la Mère des Dieux ne se rattachent ni aux mystérieuses initiations,
ni aux cérémonies merveilleuses et symboliques, ni aux fêtes
bruyantes et désordonnées de la religion de Cybèle.... Nos inscrip-
tions se rapportent en général aux taurobolies, sacrifices expiatoires
et régénérateurs, dont l'origine ne remonte qu'au second siècle
de notre ère (1). La taurobolie était une contre-façon du baptême
chrétien, car, pour ceci, comme pour beaucoup de rits et de doc-
trines, le paganisme se transformait en face de son auguste et re-
doutable adversaire. Ce qu'il y a de singulier, c'est qu'il nous faut
arriver au IVe siècle pour trouver des écrivains qui parlent des
sacrifices tauroboliques ; et à qui devons-nous des renseignements
sur de pareilles cérémonies? à deux auteurs chrétiens du IVe siècle,
l'apologiste Julius Firmicus , et un poète trop peu étudié ,
Prudence (2), le chantre des martyrs. Celui-ci ne donne pas moins
de quarante vers à la description du taurobole. On creusait une
fosse profonde, que l'on recouvrait de planches percées de trous
nombreux ; là descendait le prêtre ou le particulier qui devait être
taurobolie. Venait ensuite un taureau, les épaules et les cornes
chargées de fleurs, le front et le poil étincelant de larmes d'or; il
était égorgé sur le plancher de la fosse; le sang ruisselait par les
trous et les fissures, et le prêtre le recevait sur la tête, cherchant
à en recueillir jusqu'à la dernière goutte. Quand les flamines avaient
retiré le cadavre épuisé et raidi, alors le taurobolie sortait de sa
fosse, montrant avec orgueil sa tête ensanglantée, sa barbe chargée
de caillots, ses bandelettes dégoûtantes et ses vêtements saturés
de sang. La foule se prosternait et vénérait de loin l'heureux tau-
robolie.
   Le taurobole avait un double caractère. En même temps que
c'était un sacrifice régénérateur pour celui qui le recevait, c'était

   (t) M. de Boissieu, Inscrip. mit., pag. 22.
   (2) M. de Boissieu a mis le texte du poète en regard d'une version fran-
çaise, le morceau en vaut la peine.