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250 DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT mains ? El c'est alors précisément que son influence a grandi avec le plus de rapidité. Croyez-le bien, si vous recommen- ciez leurs persécutions, vous n'obtiendriez pas un autre r é - sultat qu'eux, parceque la vérité est un diamant contre lequel tout s'use. De même qu'avec la force vous pouvez toujours défendre votre puissance matérielle, de même avec la vérité l'Eglise saura toujours conserver son influence spirituelle ; ce n'est point avec une massue qu'on peut écraser une puissance spi- rituelle, ce n'est qu'avec des armes intellectuelles qu'on peut éprouver, si elle est légitime, c'est-à -dire forte. Eh ! bien, vous avez la liberté de la presse ; essayez d'avoir plus d'esprit que Voltaire, plus d'éloquence que Rousseau, plus de pres- tige que les illuminés, plus d'ascendant que les hérétiques. Mais soyez jus tes, laissez le champ du combat libre pour l'Église comme pour vous ; point de monopole ni de privilège. Au reste, ce n'est point pour l'Église elle-même que je vous de- mande cela ; car si elle a la'vérité pour elle, son triomphe est infaillible, quelque moyen que vous preniez.Mais, quand il y a injustice dans la société, toute la société est en souffrance; la I11U3 est alors un combat sanglant et lugubre; tandis que lors- que la liberté de tous est intacte, la lutte se fait sans souffrance sociale ; elle ressemble alors à l'un de ces tournois qui fai- saient les délices de nos ancêtres. Mais dit-on encore, en laissant la liberté, la lutte n'est plés égale, car le clergé a des moyens d'influence que nul autre ne possède, et ces moyens sont la prédication et la confession. Ce qui m'étonne le plus quand j'entends dire cela, c'est qu'on puisse envier à l'Eglise de pareils moyens d'influence. Car au tond qu'est-ce que la prédication ? C'est, d'un côté an- noncer aux hommes des mystères qui exigent la croyance sans donner aucune satisfaction à l'esprit ; de l'autre, leur in- timer l'obligation d'une morale sévère, qui contrarie toutes les inclinations de la nature; c'est dire aux riches de se dé-