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218                DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT

ni partage ni compromis ; que chacune de ces deux puissances
voulait et devait avoir tout, et que le seul moyen d'arriver
à la paix c'était de leur donner tout à chacune, mais dans
deux ordres de chose de nalure différente, et qu'ils devaient
se séparer pour représenter chacun exclusivement les deux
principes qui régissent le inonde, l'autorité et la liberté. Tel
est donc noire b u t : une distinction si complète entre le tem-
porel que régit l'État elle spirituel qui apparlient à l'Église,
que chacun de ces pouvoirs, placé dans une sphère de nature
différente, puisse se dilater et agir selon le principe qu'il re-
présente, sans jamais craindre de rencontrer l'autre sur le
même chemin et en opposition avec lui.


               HÉPONSE A QUELQUES DIFFICULTÉS.


   J'ai exposé les principes et j'en ai déduit les conséquen-
ces, cela suffit-il? Malheureusemcnl non. Il est bon nombre
d'esprits qui font descendre toutes les questions dans le do-
maine étroit de la personnalité. A tout ce que j'ai dit
ils m'opposeront non des raisons mais des intérêts de parti,
des répugnances personnelles, des craintes vagues qu'ils ne
peuvent maîtriser. Il serait infini de les suivre dans les
mille détours de leur fantaisie Je vais seulement essayer
d'abattre, de détruire quelques-uns de ces épouvantails aussi
sérieux que ceux qui effraient les oiseaux.
  La grande peur de quelques esprits, c'est de voir le clergé
ressaisir la puissance qu'il a exercée autrefois et dont il a
quelquefois abusé.
   Mais qu'on veuille bien considérer que les circonstances
étant totalement changées, les mêmes résultats ne peuvent
se reproduire.
   Autrefois, plusieurs évêques étaient des seigneurs, ayant
leurs armées à leurs ordres. Le clergé était un des corps po-
litiques de l'Etat, et il avait son tiers dans les délibérations
des Etats-généraux. Sous un monarque absolu, il lui suffisait