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246' DE L'ÉGLISE, DU L'ÉTAT ([n'en rejetant la religion d'État, on ôlail à la liberté toute autre borne que la liberté elle-même et on a proclamé à l'instant, comme par inspiration, la liberté de conscience, la liberté de la presse, la liberté d'enseignement, trois libertés qui ren- ferment toutes les autres. Pourquoi reculer maintenant? Pour- quoi vouloir faire mentir la prophétie de tout nu peuple ins- piré? nul ne pourra effacer ces solennelles promesses de juillet écrites avec le sang : résister, ce n'est que prolonger nos souffrances ; les réaliser ce serait hâter notre bonheur. Je sais qu'au commencement on a reproché au clergé de ne pas comprendre la liberté et de la repousser. Ce reproche est-il bien mérité? Qu'on considère que le clergé a pour mission spéciale dans le monde de conserver le principe d'unité qui est aussi le principe d'autorité. Il est bien naturel que celui dont la demeure est le plus éloignée arrive le derj nier au rendez-vous ; par sa position même et son éducation, le clergé doit être le dernier à comprendre la liberté. Il y a eu cependant de frappantes exceptions, car où trou- verez-vous un libéralisme plus franc et plus entier que celui du journal si bien nommé VAvenir que dirigeaient, en 1830, trois prêtres catholiques? personne ne les comprenait alors ; mais on serait étonné maintenant si on prenait la peine de le relire, de voir que, chaque jour, et le clergé et l'Étal sont obligés de rentrer dans la roule qu'il a tracée. Le reste du clergé arrive maintenant, et personne ne peut lui reprocher d'arriver après les autres, cjetait son droit. La honte, il faut le dire, n'est point au clergé, mais à ceux qui se laissent dépasser par lui. Oui, c'est une honte ineffaçable que des hommes qui se disent les pères du libéralisme, qui se posent en chefs de parti, qui ont pris part à la révolution de 1830, qui ont écrit avec complaisance et amour l'histoire de la grande révolution de 1789, osent s'opposer de toutes leurs forces au développement de la liberté , reproduire effrontément devant tonte la France les principes les plus lyranniques. Vouloir que l'église soit l'esclave de l'État,