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240                DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT

peut se passer de l'État. Arislole est impossible sans Alexan-
dre.
   L'État peut seul et il doit établir ces vastes collections où
sont conservés les matériaux de la science ; il doit entretenir
des académies, offrir des chaires et des existences honorables
aux savants que désigne la voix publique, récompenser ceux
qui ont bien mérité de la science, stimuler l'ardeur de l'élude
par des prix et des concours ; i! doit étendre ses bienfaits sur
tous les points, établir dans tous les grands centres de popu-
lation des foyers de science, et entretenir à ses frais et gra-
tuitement, s'il est possible, des instituteurs partout où il est
besoin. Remarquons en passant que ce dernier don, le plus
important de tous , n'est un bienfait qu'à la condition de
la liberté, car je le demande, quel service l'Etat rend-il à une
commune q u a n d , sous prétexte de lui donner la science, il
chasse un bon instituteur, pour lui en imposer un mauvais
 ou même quand il lui en donne un de la même valeur? qu'il
 ajoute un d o n , rien de mieux; mais qu'il ne retire pas d'une
 main ce qu'il donne de l'autre.
   Toutes ces obligations, le gouvernement ne peut pas les
remplir convenablement par lui-même-, il lui faut un corps
 qui,par la fixité de son organisation, soit le Conservatoire de
la science que la mobilité humaine laisserait perdre en plus
d'un point. II lui faut un exécuteur intelligent qui distribue
ses bienfaits avec justice ; ce Conservatoire de la science,
ce distributeur des bienfaits de l'État, doit être l'Université.
   Mais si l'Université veut que sa mission soit utile et glo-
rieuse, si elle veut qu'au lieu d'être critiquée et repoussée,
elle soit acceptée et bénie de tous, il faut qu'elle ne la
fasse pas sortir des limites que la nature des choses lui
assigne. Rien n'est plus funeste que de sortir de ses attribu-
tions. Tout homme qui le fait se perd, toute institution aussi.
Certes M. Arago et M. de Lamartine sont deux hommes juste-
ment célèbres, tous deux ont bien mérité de leur pays ;
eussent-ils acquis la même gloire» si M. de Lamartine se fut