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                    ET DE L'ENSEIGNEMENT.                       235

tous les cultes comme également bons et respectables, elle
les protège tous également: donc l'Université par sa nature
même et ses institutions est incapable d'enseigner la morale
et de faire, par conséquent, l'éducation de la jeunesse.
   Nous ne pouvons, par aucun moyen, échapper à cette con-
clusion rigoureuse.
   A cela on me fait une objection : il y a, dit-on, une morale
naturelle indépendante de la diversité des cultes; l'univer-
sité ne p e u t - e l l e pas enseigner celle-là, laissant ensuite à
la famille le soin d'achever l'œuvre dans un sens ou dans
l'autre ?
   Examinons bien la portée de toutes ces paroles.
   Premièrement, est-il temps d'achever l'œuvre au sortir de
l'université? Lorsqu'un jeune homme sort de l'université,
il a ordinairement de 16 à 20 ans. Celui dont jusqu'à cet âge
les études auraient été nulles ou défectueuses pourrait-il
espérer de réparer le temps précieux qu'il aurait perdu ? non.
Mais si le progrès de la science veut que l'intelligence soil
exercée dès l'âge le plus tendre, n'en est-il pas de même,
à plus forte raison, de la pratique de la morale, qui trouve
dans les passions du cœur des obstacles que l'étude de la
science ne connaît pas? Si l'éducation est manquée jusqu'à
seize ou vingt ans, serait-il temps encore de réparer le mal
fait? le bon sens et l'expérience disent que non.
  Il nous reste donc à voir si la morale naturelle est suffi-
sante.
   Il n'est pas, comme on l'a dit depuis longtemps, de peuple
si barbare et si sauvage qui n'ait quelque Dieu auquel il
rende hommage ; sans l'idée d'un être suprême, l'homme mé-
riterait à peine le nom d'homme. Ce dogme primitif de l'exis-
tence de Dieu, connu de tous, entraîne des conséquences
logiques qui forment une morale qu'on peut appeler natu-
relle. Toute révélation donnant à l'homme une connaissance
plus explicite de Dieu et des rapports entre l'homme et Dieu,
élève d'un degré la morale., et pose le fondement d'une plus