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202                  SORTIE DES LVONNAIS.

coups de carabine , je défends d'y répondre. J'avance tou-
jours; elle se rompt, elle se disperse; j'arrive au bois.
    Ainsi, le Lyonnais couronna , par l'action la plus intré-
pide, la gloire dont il s'était couvert pendant le siège. Ainsi,
tant qu'il conserva un reste de forces, il sut en imposer à son
ennemi ; mais ce dernier effort les avait entièrement épuisés,
et je touche au moment le plus affreux de ma vie.
    Arrivé au bois, je voulais faire halte. Je m'étais arrêté der-
rière un ravin d'où je pouvais me défendre et gagner du
temps pour prendre du repos; mais, mes compagnons ne
voyaient de salut que sur les hauteurs, et voulurent les ga-
gner. Il fallut céder à leur désir. Je quittai cependant ce
poste à regret, et j'en eus d'autant plus que cette précipita-
tion me fit perdre beaucoup d'hommes qui, accablés de las-
situde , se brûlèrent la cervelle pour ne pas tomber au pou-
voir d'un ennemi féroce , qui lui aurait fait subir mille morts.
    Je me trouvai bientôt à cent pas d'un terrain sans bois.
M. Restier forma quelques hommes pour charger, mais nous
y arrivâmes sans obstacles , et je m'y arrêtai pour donner à
tout le monde le temps de me rejoindre. Mais que pouvais-je
espérer de faire, et comment opérer, avec quatre-vingts hom-
mes (car c'est tout ce qui me restait) exténués, accablés , ne
pouvant plus faire un pas? Que pouvais-je contre les forces
qui nous entouraient ? Je ne crois pas exagérer en portant au-
delà de vingt mille hommes le nombre des différents rassemble-
ments qui nous resserraient de plus en plus. Us n'osaient ce-
pendant pas attaquer de vive force les Lyonnais qui leur en
imposaient jusques dans l'état où ils étaient, car tous ceux qui
pouvaient encore se tenir debout, se tenaient formés par pe-
tits postes , liraient sur l'ennemi et l'arrêtaient ainsi, par
l'idée qu'ils avaient su lui donner de leur courage.
  Des hussards débouchèrent dans le bas du bois : j'empêchai
de faire feu sur eux; ils étaient avec des paysans qui nous