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SORTIE DES LYONNAIS. 183 qui voudraient me suivre. J'avais même fait une proclama- tion dans ce sens, et, cependant, dès le 6, les sections formées, en comité général, avaient nommé des députés pour aller par- lementer avec les représentants qui étaient à Sainte-Foix ; démarché que je m'étais efforcé d'empêcher, mais que je ne pus que relarder. Ainsi donc, d'un moment à l'autre, l'on de- vait s'attendre à la sortie. Je prévoyais dès longtemps les dangers de celte entreprise, et je m'en étais occupé sérieusement. J'avais prié les com- mandants des postes extérieurs et plusieurs chefs de ba- taillons de sonder les esprits, mais leurs rapports variaient chaque jour, et je ne pouvais m'arrôter à rien de fixe. Beaucoup, depuis près d'un mois, demandaient une sortie pour avoir des vivres; cela était impraticable; beaucoup vou- laient emmener femmes, enfants, voitures. Je ne pouvais m'y refuser. Le plus grand nombre demandait que la sortie ne fut pas différée : c'était là l'avis dominant. J'ai même vive- ment été sollicité d'y adhérer dans des conseils tenus à cet effet à différentes époques du siège ; mais j'ai constamment refusé. Le courage et l'énergie pouvaient seuls sauver Lyon. Je savais bien qu'en me retirant beaucoup plus tôt, et avant que d'être totalement cerné, j'agirais pour ma sûreté et pour celle des individus qui m'auraient suivi. J'y ai été non seule- ment sollicité, comme je l'ai déjà dit, mais encore il y a eu de la part d'officiers qui n'étaient pas de Lyon, des manœuvres et des intrigues pour m'y forcer. J'ai toujours rejeté les lâches conseils. J'aurais cru trahir la confiance et le devoir si je m'y étais rendu. Je pouvais d'ailleurs, et j'espérais être secouru ou favorisé par les événements. Que l'on examine la situation de la France a cette époque, et l'on verra si mon espoir ne devait pas me paraître fondé. L'ouest de la France menaçait Paris qui n'était pas tranquille. Marseille était armé. Plusieurs départements partageaient l'esprit de celui de Rhône-et-Loirer