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182 SORTIE DES LYONNAIS. Le 8 .octobre 1793, Lyon avait soutenu soixante-trois jours de siège, et Lyon aurait résisté plus longtemps, sans doute, mais il lui fallut résister à l'ennemi le plus terrible de tous, à la faim. Lyon ne s'est point rendu: ses ennemis n'ont pénétré dans ses murs que lorsque les Lyonnais en sont sortis eux-mêmes, que lorsqu'ils ont fait leur retraite. Je doute que beaucoup d'opérations militaires aient offert de plus grandes difficultés. Celles que j'avais à surmonter, dans la ville môme, n'élaient pas les moins alarmantes. La division y avait été jetée par les menées des Jacobins, et celte faction atroce, devenue plus hardie, ne demandait qu'à se rendre. Annoncer hautement une retraite dans une pareille situa- tion, c'eût été vouloir exciter un soulèvement. Les admi- nistrateurs et les braves Lyonnais se seraient alarmés. Tous avaient des femmes, des enfants, une fortune, ils auraient cru qu'ils étaient abandonnés ; le parti jacobin se serait ou- vertement insurgé; l'ennemi aurait été instruit de nos mou- vements, les portes lui auraient été ouvertes, et Lyon était livrée au feu, au pillage, à toutes les horreurs d'une ville prise d'assaut par des soldats furieux de sa résistance, et dont la rage était encore excitée par les horribles calomnies de ses chefs... d'un Dubois-Crancé , d'un Gollot d'Herbois. Une retraite était donc d'autant plus difficile qu'il fallait, pour ainsi dire, en dérober jusqu'à l'idée. Je puis le dire affirmativement, il n'y avait que la prudence à employer pour connaître les sujets qui voudraient en être, se contenter- dé ceux qui auraient celte volonté, et ne point les prévenir hautement avant le moment même. La sortie était assez annoncée par l'état où se Irouvail la ville, et chacun pouvait se regarder comme averti. J'avais encore dit constamment et hautement que, du moment que la ville capitulerait avec ses ennemis, je saurais agir avec ceux