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BLUETTES ET BOUTADES. — Le pied d'un sauvage tracé dans le sable indique la présence de l'homme à ce même athée qui nie un Dieu dont la main est em- preinte sur l'univers entier. — Le riche s'enquiert volontiers si les pauvres méritent ses au- mônes, mais non s'il est digne lui-même de l'opulence qui lui per- met de les faire. — Nous sommes toujours fort reconnaissants des services . qu'on va nous rendre. — Certains orateurs diseni de grands mots pour ne pas se mettre en frais d'idées, comme certains avares font de grands pas afin de ne pas user de souliers. — Chez bien des gens, le coup de chapeau est la mesure de leur fortune; plus elle s'élève moins il s'abaisse. — L'ombre indique le point où doit se trouver la lumière, de même la connaissance d'une erreur est un pas fait vers la vérité. — L'esprit fait vivre un ouvrage, mais le génie l'empêche de mourir. — La modestie ne rapetisse point un grand homme; la taille qu'il se donne n'empêche point de voir celle qu'il a; mais le débu- tant de mérite qui se proclame un nain, risque fort d'être toisé sur parole. — Dans ta carrière des artistes, beaucoup tendent la main à qui les suit, peu donnent le bras à qui les atteint, tous font le poing à qui les devance. — Nous aimons à nous rapprocher des hommes célèbres, moins pour la considération dont ils jouissent, que pour celle qu'ils peu- vent nous donner. Ainsi, dans une soirée, la jolie femme se tient au- près des flambeaux, non pour leur éclat, mais pour celui qu'ils jettent sur ses charmes. Les monnaies les plus brillantes et les charges les plus hautes per- dent leur relief et leur éclat par un frottement trop journalier avec le peuple qui bienlôt en méconnaît la valeur. Certains agitateurs politiques obérés disent qu'ils se doivent à leur pays: mais c'est la seule de leurs nombreuses dettes dont il leur ferait volontiers l'abandon. Un succès purifie le cœur et en bannit l'envie, comme une flamme subite égaie le foyer dont elle chasse la fumée. Nous retrouverons, peut-être, tout ensemble dans un monde meil- leur nos jeunes années et nos vieux amis. Un pédant est rarement courageux ; plus on s'estime, moins on s'expose. Combien de flâneurs matamores portent de terribles moustaches qui ne bravent que leurs créanciers, ne combattent que l'ennui et ne tuent que le temps. J. PETITSBNN.