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                      KOME AU SIÈCLE U ' A C G U S T È .     171
   Mais qu'importait à César l'ignominie de baiser la main
aux affranchis et aux portiers de Subure ou du Vélabre?
Elevé aux honneurs, à grands frais, et par ces apparences
de puérile démagogie, en dépit de la stoïque et chagrine
opposition de Caton, l'audacieux consul allait bientôt mar-
cher à la conquête des Gaules. Vainqueur, il paiera large-
ment et ses dettes et celles de ses partisans: et, sa force
militaire lui frayant les chemins de Pharsale et de Munda,
 toute rivalité s'effacera devant lui. Il avait commencé par tout
acheter. Ainsi Rome avait fait un pas de plus vers l'abîme,
et nous pouvons recevoir d'elle un enseignement dont, hélas!
nous ne profitons guère; les peuples ruinés nous crieront-
ils toujours inutilement du fond de leurs tombes : C'est par la
vénalité que les empires s'ébranlent et se précipitent!
   M. Dezobry a répandu dans toute la lettre où il nous fait
connaître les préludes et les mouvements des comices électifs,
une foule de détails historiques, d'une signification expressive,
el ces coups de pinceau qui nous permettent de suivre des
yeux sur le Forum toutes les évolutions des partis, leurs espé-
 rances, leurs déceptions, leurs fureurs.
    Le chapitre où l'ingénieux écrivain a traité des comices
législatifs (1), est d'une vérité aussi piquante et aussi instruc-
tive. Comme pour les assemblées où étaient choisis les ma-
gistrats, ici encore, M. Dezobry a su, dans les limites d'un
seul événement, révéler ces traits de physionomie permanents
et durables, que Rome reproduisait dans toutes ses législa-
tures. Les modifications amenées par le temps, se trouvent
indiquées avec un soin religieux; mais les vrais caractères aux-
quels Rome se peut reconnaître a travers la suite de ses ré-
volutions destructrices, les signes auxquels se manifeste
l'identité de ce peuple, voilà ce que l'œuvre dont nous par-
lons s'efforce avant tout de dévoiler aux lecteurs. Ainsi, dès
le troisième siècle de Rome, les troubles, les brutalités, les
assassinats, les scènes de carnage, souillaient déjà la place
publique, lorsqu'il s'agissait de lois à porter ou de provinces
à répartir. Consuls et tribuns, nobles el plébéiens, offraient
tous le déplorable spectacle d'une grande nation qui n'établit
ses volontés que par le choc des partis et à la pointe de l'épée.
Toujours inquiet et indomptable, le Romain se plaisait dans
ces luttes sauvages d'où allaient sortir d'abord les conquérants


  (i) T. it. p.   I65-I8O.