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                   KOME ÀV SIÈCLE D'AUGUSTE.                   165
  malgré ces résumés vastes et philosophiques dans lesquels ils
  embrassent tant de détails et marquent plus d'une fois les lois
  même qui gouvernent l'humanité, me paraissent avoir trop
  négligé un élément essentiel de l'histoire, je veux dire la peti-
  tesse auprès de la grandeur. Rome et Athènes n'ont pas
  toujours été peuplées de héros graves et austères. Il y a eu
  beaucoup de bonne humeur, de lâcheté et de corruption dans
  cette existence agitée du Forum, et le peuple-roi s'est permis
  bien des jeux d'enfants et de ridicules excès sur cette place
  fameuse, au pied de ce capitole, où notre imagination fascinée
 le voit toujours enveloppé de sa pourpre et dictant la dé-
  chéance des rois. Sans le suivre dans les tavernes (1) ou aux
 Nundines (2), aux bains (3) ou à l'amphithéâtre, que de
 misères morales, que d'infamies, même quand il s'agissait de
 lois et d'élections, que de grotesques attitudes et de mes-
 quines choses, toujours voisines des hautes et majestueuses
 pensées de commandement et d'orgueil!
    Mêlez-vous un instant à la foule qui se rend aux comices
 consulaires (4), vous y verrez du premier coup d'Å“il que
 tout est vieux dans le monde, même ce qui semble d'abord
 un vice attaché à nos modernes institutions, la vénalité élec-
 torale. Nous nous affligeons des souillures qui environnent
 toujours nos candidats politiques, lors même qu'elles ne les
salissent pas. Une généreuse indignation s'empare des esprits
jeunes et spéculatifs qui voient les plus saints attributs de la
liberté jetés souvent comme un objet de trafic sur le marché
des élections. Ils frémissent en songeant à travers quels ma-
nèges, quels rôles humiliants, quels refus et quels mépris un
homme de cœur et d'éloquence est réduit à traîner quel-
quefois les plis de sa toge pour acquérir le droit de parler
à son pays du haut de la tribune et d'y faire entendre les
conseils de la raison ou du patriotisme. C'est là sans doute
une situation amère et triste, mais dont le système constitu-
tionnel n'est pas l'origine. Ne soyons pas cruel envers lui.
11 serait plus juste, mais tout aussi déraisonnable de s'irriter
contre notre espèce entière; la corruption est ancienne, elles
turpitudes de Rome, durant les comices électifs, laissent loin
derrière elles ce que l'époque présente peut offrir de plus
étranges scandales. Il y eut même dans cette capitale du


  (i) Voyez t. i, p. 346. — (2) Tom. u , p. 56. — (3) Tom. 11, p. 3aa,
^4)Tom. 11, p. 1.