page suivante »
138 M. ALEXANDRE DUMAS. fameux pour que M. Dumas se crut obligé de le défendre, la plume à la main et l'épée hors du fourreau (1). Toutes ces œuvres, deux ou trois excepfées, portent le nom de M. Dumas seul. Cependant, s'il faut en croire certains bruits fort accrédités dans le monde littéraire, la plupart du temps M. Dumas n'aurait été qu'un simple arrangeur, et n'aurait fait que prêter son nom à quelques dramaturges moins populaires que lui, devenus de cette façon ses collaborateurs anonymes. Beaucoup d'assertions contradictoires ont été énoncées à ce sujet; mais les tiers inté- ressés ayant gardé le silence, môme en admettant a priori la vérité des accusations portées contre l'individualité littéraire de M. Dumas, il serait assez difficile de déterminer la part qui peut revenir à chacun des ouvriers dans l'œuvre du maître. Il faut donc nous borner à citer les noms les plus spécialement désignés par la no- toriété publique comme les dégrossisseurs d'une bonne moitié des pièces que nous venons d'énumérer. Ce sont MM. Anicet Bourgeois, Brunswick, Prosper Goubaux (connu sous le pseudonyme de D'maux) et Dennery. On parle encore de M. Cordelier-Delanoue. Quant à M. Auguste Maquet, sa collaboration n'est point dissimulée, au moins pour les Trois Mousquetaires, drame tiré du roman de ce nom, à la paternité duquel M. Maquet, assure-t-on, a bien aussi quelquesdroils. Nous voilà doue en pleine exploitation littéraire; le métier a remplacé l'art, si tant est que l'art ait jamais été une question sérieuse pour M. Dumas, autrement que comme moyen d'arriver à la fortune. Il n'est plus permis aujourd'hui de conserver do doutes à ce sujet, et le nom seul de l'auteur A'Antomj éveille involontairement certaines idées de spéculation et d'achalandage inconciliables avec la dignité des lettres. A ce propos, le singulier . incident que souleva la Tour de Nesle mérite une mention spéciale; ce sera d'ailleurs une transition toute naturelle pour aborder quelques particularités critiques intimement liées au nom de M. Dumas. Vers la fin de l'automne de 1831, un jeune homme élait venu (t) Voir le Journal des Débats et la Presse du mois de juillet rS43.