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114 SOUVENIRS DE 1793. temps. Le résultat fut qu'il ne pouvait nie charger d'aucune proposition, mais qu'il me donnait plein pouvoir de sous- crire à un arrangement quelconque, pourvu qu'il n'y eut pas de sang répandu ; ce furent à peu près ses propres expres- sions. J'expliquai à M. de Précy la position des assiégeants. Je lui dis que les représentants du peuple étaient à la Pape, gardés par quelques compagnies de pétrats, et que la troupe de ligne assiégeante en était très éloignée, et très rappro- chée du faubourg, qu'il n'y avait entre ces troupes et le châ- teau aucun poste, aucune correspondance suivie et régulière ; qu'il y avait au dessous de la Pape un pont de bateaux fort mal gardé, en conséquence, je lui proposai de faire une fausse attaque à la Croix-Rousse, pendant laquelle, et dans l'obs- curité de la nuit, il marcherait avec douze ou quinze cents hommes par les Brolteaux, arriverait à la Pape, et s'empare- rait des représentants du peuple avec la plus grande facilité. A cela, M. de Précy me répondit : notre jeunesse est dé- goûtée, fatiguée, si je sortais avec quinze cents hommes, ils m'échapperaient presque tous, et je n'en ramènerais pas trois cents. Enfin, comme la régie des vivres était comme je l'ai dit, établie à la Carette, nous convînmes que nous (je dis, les vivriers) irions tous les jours après dîner prendre le café au bout d'une allée terminée par une terrasse, très visible de Lyon, et que nous y porterions nos serviettes, lors- qu'il devrait y avoir une attaque la nuit suivante, ce dont nous étions 1res bien informés par les officiers de l'artillerie et du génie, qui étaient là bien à contre-cœur. Je dînai à l'Hôtel-de-Ville avec M. de Précy et nombreuse compagnie ; j'étais à table entre M. Burlin de la Rivière et M. de Montchal. Ces Messieurs croyaient à l'arrivée de secours étrangers du côté de la Savoie. Hélas ! il n'en était rien. Enfin, les yeux bandés, je sortis de la ville assez tard, tou- jours par le chemin Saint-Clair, et allai coucher chez mon beaj-frère. Le lendemain, de bon matin, j'allai à la Pape reidre compte à Gauthier de ma course de la veille. Je le