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SOUVENIRS UE 1 7 9 3 . 111
# J'étais officier de la garde nationale, je montai en voiture,
et suivis volontairement le détachement.
Arrivés à Lyon, nous assislâmes, le 14 juillet, à la fédération
qui eut lieu sur la place de Bellecour. et à l'installation et
reconnaissance de M. de Prècy, comme commandant général.
Pendant notre séjour à Lyon, le fameux Challier fut exé-
cuté sur la place des Terreaux. Tout était sous les armes ;
on donna au détachement roannais la place d'honneur, au
pied de l'échafaud, place dont il se serait bien passé.
Un soir,M. Noailly et moi assistâmes à une espèce de conseil
de guerre à l'Hôtel-dc-Ville. Y étaient M. de Précy, nombre
d'officiers de la garde nationale, et d'officiers départemen-
taux et municipaux. 11 y fut décidé qu'on demanderait à Monl-
brison, St-Elienne, Sl-Chamond et Roanne, des détachements
de gardes nationaux, pour venir concourir à la défense de
Lyon ; et qu'en même temps il partirait de Lyon un corps
nombreux, infanterie et cavalerie avec de l'artillerie; que
ce corps arrivé à Roanne traverserait le Charrolais pour se
rendre à Mâcon, associer tout le pays à la fédération lyon-
naise, et se rendre maître du cours de la Saône, en assu-
rant par là les approvisionnements de la ville.
Au sortir de ce conseil, je dis à M. de Précy que je partais
le lendemain matin. Eh ! bien, répondit-il, venez me voir avant
voire départ.
Je me rendis le lendemain à six heures du matin chez lui.
Il avait un appartement dans le bâtiment de Si-Pierre. Vous
savez, me dil-il, ce qui a été convenu hier, tout a été détruit
cette nuit : nous ne demandons point d'hommes aux villes
du département, nous n'envoyons pas de détachement Ã
Roanne et dans le Charrolais, mais, pour vous dédommager,
et témoigner notre gratitude à votre détachement, nous lui
faisons cadeau d'une pièce de canon. — Eh ! bien, général,
souvenez vous que nous marcherons dans peu contre vous
avec celte même pièce de canon. — Je le crains bien. Je
me suis mis la tête dans le guêpier, je m'en tirerai comme