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102 L'ÂGE NOUVEAU. Que tant de douleurs ont conquise Le pauvre obtiendra-t-il sa part ? Verrons-nous une ère avilie, Un siècle avare et sans essor Où toute grandeur s'humilie Sous la main qui possède l'or ? La science a trouvé des mondes, Aplani les monts et les ondes , Dompté leurs fauves habitants ; Vers un autre Eden elle aspire ; Est-ce pour en livrer l'empire Aux sordides mains des traitants ? Nos travaux rapprochent les villes Unissent les deux Océans ; Verrons-nous des haines civiles Les abîmes toujours béants ? Toujours l'un à l'autre contraires Ferons-nous du mal de nos frères Le but de nos ambitions ? Abjurons enfin nos discordes ; Comme une lyre a plusieurs cordes La terre a plusieurs nations. Tous enfin, la famille entière, Riches, pauvres, grands et petits, Avons-nous dompté la matière Pour en garder les appétits ? L'âge d'or vu par nos prophètes, N'est-ce que du pain et des fêtes , Le cœur n'a-t-il donc pas ses maux ? L'homme veut-il dans sa nature Ne rien chercher que la pâture Qu'y trouvent de vils animaux ?