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L'ÂGE NOUVEAU. 93 Un désir infini recule La borne des douze travaux. Les vallons, la plaine assainie Roulent des flots d'épis pour toi. Des corps lointains le vieux génie Te voit passer avec effroi. Les bois, ces voiles de la terre, Les antres n'ont plus de mystère. Ta maison couvre le cratère ; Et la colline au flanc divin, Au lieu de cendre et de fumée, Des prés , de la vigne embaumée Fait couler le lait et le vin. Avec des monts que tu déplaces Sur d'autres sommets, tous les jours, Tes mains qui ne sont jamais lasses, Dressent les villes et les tours ; Sur leur cime démesurée Tu lèves ta tête assurée ; Des astres la plaine azurée S'abaisse au niveau de tes yeux ; Et si, pour te réduire en poudre, Un dieu, là haut, cherchait sa foudre , Tu sais la dérober aux cieux. Tu sais fabriquer un tonnerre ; A ton caprice, il frappe ou dort, Et caché, du fond de ton aire, Au loin tu promènes la mort ; Le salpêtre que tu déchaînes Fait, sur les montagnes prochaines, Partir le granit et les chênes , Voler Pélion sur Ossa ;