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90 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE quels se distingue un ami personnel de Fichte, Weisse, pro- fesseur de philosophie à Leipzig, ont su par leurs intéressants articles, gagner à la Revue un public nombreux, el créer des amis fervents à la spéculation anti-panthéiste. Nous félicitons la ville de Tùbinguedece qu'elle possède une publication p é - riodique si sincèrement dévouée a la cause d'une philosophie dont nous aimons à constater tous les jours les progrès. Qu'on nous permette encore d'ajouter que le style de Fichte est en général clair et précis. L'exposition de ce pen- seur est lucide, autant du moins que le sujet et la concilia- tion difficile de deux points de vue contraires le comportent. Dans la discussion , Fichte s'est montré souvent habile, tou- jours grave el modéré. Quelque grande que soit la part qu'il prenne aux débats contemporains, il n'a jamais permis à son zèle de se changer en passion, à l'ardeur de sa conviction de dégénérer en haine contre ses adversaires. Sa véhémence n'a jamais péché conlre les lois de l'urbanité littéraire. La plai- santerie n'est pas sou arme favorite ; il sait trop bien qu'il est des matières où Ton ne fait preuve d'esprit qu'en s'abste- nant d'en faire parade. Sous ces rapports comme sous bien d'autres encore, Fichte pourrait servir d'exemple à certains néohégéliens dont les procédés contrastent étrangement avec ceux des adversaires qu'ils se glorifient d'écraser, et auxquels ils abandonnent de jour en jour plus de terrain, parcequ'il n'est pas donné à l'erreur de l'emporter autrement que d'une manière passagère sur la toute-puissance de la vérité. Avec Fichle nous avons épuisé la série des célébrités phi- losophiques parmi les professeurs à l'université de Tùbingue. Du nombre de ces derniers est toutefois encore un esprit singulier, qui, en dehors de toutes les écoles mentionnées jusqu'ici, s'efforce de se créer une voie à pari, et mérite d'être signalé à cause de son originalité plutôt qu'à cause de ses succès.