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66 LETTRES SUR LA SARDAIGNE. sagement réformateur brise du reste la chaîne de ces tristes traditions. Mais ce dont on parla longuement, trop longue- ment peut-être, eu égard à mon incapacité, ce fut des ri- chesses géologiques el de l'avenir industriel du pays. Êtes- vous géologue, cher ami? Moi je ne le suis pas, et il m'est complètement indifférent de savoir que le noyau de la Sar- daigne est formé par du granit d'une qualité supérieure , qu'elle possède des cristaux de feldspalz rose et incarnat , et qu'elle renferme des carrières de porphyre rouge et de marbre, noir comme l'ébêne, qu'enfin, plusieurs de ses mon- tagnes ne sont que des volcans apocryphes et identiques, quant à la nature du sol et la configuration, à ceux de l'Au- vergne. Ètes-vous industriel et spéculateur? Non, mais vous pouvez le devenir puisque c'est la maladie du jour; si donc il vous prend jamais fantaisie d'exploiter une mine de fer, une mine de plomb, même une mine d'argent, ou mieux encore une mine de mercure, vous êtes prévenu que la Sardaigne peut vous en offrir, et toutes d'une qualité su- périeure et d'une richesse incontestable. Mais si vos am- bitions sont moins élevées, vous trouverez encore de magni- fiques spéculations à faire. Les oranges, dans les grands bois parfumés de millis, croissent, mûrissent et tombent flétries sur le gazon, sans qu'une main industrieuse les daigne ra- masser ; les rochers sont hérissés d'olivaslres et d'amandiers sauvages, qui n'attendent que la greffe pour produire des fruits délicieux; les montagnes sont couvertes de chênes verts qui fourniraient des bois excellents pour les constructions maritimes; d'immenses forêts de lièges couvrent le sol d'êcor- ces inexploitées, et la soude croit naturellement sur les ri- vages. Ainsi, l'île de Sardaigne, cette antique nourrice du peuple romain, va redevenir une terre promise: le golfe de Cagliari offre aux bâtiments de toute grandeur la rade la plus spacieuse, la plus sike et la mieux située de toute la