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510                         CHARLES VI.
résonner à son oreille quelque alexandrin bien frappé, et qui mar-
che résolument sur ses douze syllabes. Par malheur, la charpente
du drame est bien quelque peu maladroite, et M. Scribe a dû sou-
rire plus d'une fois, s'il lui a plu de s'égayer aux dépens de son
collaborateur infidèle.
    La musique de M. Halevy, qui est au fond de tout ceci la chose
principale, est écrite avec inspiration et bonheur quelquefois, tou-
jours avec celte connaissance admirable des ressources respec-
tives de chaque instrument, du timbre des voix et des combinai-
sons harmoniques, soif dans l'orchestre, soit dans les chœurs. Les
récitatifs manquent peut-être de valeur et d'originalité, destinés à
relier entre elles les différentes parties de la mélodie ils ont trop
l'air d'un accessoire obligé, et dans la bouche d'un grand chanteur,
il leur serait difficile d'acquérir l'importance que Duprez a su don-
ner aux récitatis de Guillaume Tell et de quelques autres opéras. Les
morceaux qui ont été et qui seront encore les plus remarqués, sont
avec le chant national du premier acte, l'air du roi : C'est grand
pitié, et le duo des cartes ; un quatuor sans accompagnement au
quatrième acte ; la romance d'Odette : Chaque soir, Jeanne sur la
place, et la chansonnette du soldat au cinquième acte, que Boulo
dit avec une voix charmante et beaucoup de distinction.
   M me Julian qui chante et joue le rôle d'Odette, cherche et réussit
quelquefois à donner un peu d'accent et d'énergie à ce rôle, qui
brille à Paris de toute la spontanéité et de toute l'ardeur fiévreuse
queM me Stolz peut seule y mettre. A Lyon, et touten rendant justice
au mérite réel de Mm= Julian, le personnage d'Odette sera tou-
jours sur le second p'an, il y est et il y sera toujours un peu effacé
par le voisinage du roi. Le rôle de Charles VI est un beau succès
pour M. Flachat, il s'y montre comédien intelligent et habile, et sa
voix dont le charme est peut-être unique, se déploie tout à Taise
dans une foule de très jolis cantilènes, les plus avantageux qu'on
ait écrit peut-être dans le registre du baryton : les autres rôles
plus qu'accessoires ont été plus ou moins bien remplis par MM. Poi-
tevin et Barrielle etparM r a e Eichfeld,à qui son accent des provinces
rhénanes jouera, avant qu'il soit peu, quelque mauvais tour.
   Nous espérons que M. Fleury saura faire quelques sacrifices pour