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     504                   BULLETIN ARTISTIQUK.
     heureux d'avoir à faire sous ce dernier rapport une restriction en
     faveur de la dernière figure à droite, dont la face rayonne d'un sen-
     timent plein de calme et de douceur.
        La couleur est le côté artistique qui joue le plus grand rôle dans
     la peinture sur verre, et c'est même ce qui est cause que, dans l'ar-
     chitecture proprement gothique, la véritable peinture monumen-
     tale n'est pas la fresque, mais la peinture sur verre; ce qu'on doit
     demander, avant tout, dans un vitrail, c'est l'harmonie générale des
     tons, c'est cette vigueur large et calme dont nous apparaissent em-
     preintes les verrières du moyen-âge. Or, c'est ce qui nous semble?
     manquer à l'œuvre de M. Thibaud, dont les détails riches et parfois
     merveilleux ne parviennent pas à constituer un ensemble harmo-
     nieux et fort.
        Comme combinaison architecturale, il est évident que les dais et
     les pinacles qui surmontent les figures sont trop grands, et que
     celles-ci paraissent d'une proportion relative essentiellement mes-
     quine. Il eût fallu, selon nous, faire absorber par les personnages
     une hauteur bien plus considérable. Et que l'on no vienne pas dire
     que les figures eussent alors paru trop longues, car rien n'obligeait
     l'artiste à des mouvements aussi complexes, et il n'est nullement,
     impossible, dans la combinaison d'une figure destinée à jouer un
     rôle architectural, d'en dissimuler une hauteur qui, partout ailleurs,
     pourrait paraître beaucoup exagérée. M. Thibaud doit se souvenir
     qu'à Bourges il est des figures d'une longueur réelle démesurée, et
     dont l'aspect est cependant d'une puissance prodigieuse.
        Comme, avant tout, nous voulons être juste, nous devons recon-
     naître que certaines parties des vitraux de M. Thibaud sont admi-
     rables, tels que, par exemple, les vêtements de saint Grégoire et les
     fonds sur lesquels se détachent la plupart des figures. Ces verrières
     produisent l'effet d'un tableau dont chaque détail serait exéculé
     avec une adresse étonnante, mais que l'artiste n'aurait jamais pu
     regarder de loin, pour en apprécier l'effet général.
       Puisque, nous sommes occupés de la cathédrale, il est de notre
     conscience d'artiste de dire quelques mots d'un affreux badigeon
     qui recouvre, depuis quelques semaines, les murs et les voûtes du
     bas-chœur: des chapiteaux merveilleux, des feuillages d'une délica-