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                     DE L'HISTOIRE DE LYON.                      473

les girondins derrière les constitutionnels. La république des
girondins était démocratique; l'ordre social qu'elle établis-
sait ou maintenait, comportait le travail libre, secondé par
les inégalités des moyens individuels, tels que le capital,
l'intelligence et les forces; c'est-à-dire qu'en abolissant les pri-
vilèges de naissance et les prérogatives politiques attachées à
la richesse, elle laissait pourtant subsister les différences elles-
mêmes des fortunes, acquises ou à acquérir. C'était ainsi un
édifice où le riche et le pauvre pouvaient également s'abriter,
où ils avaient chacun des places, toutefois des places distinctes
dans lesquelles ils se retranchèrent séparés de sentiments, puis
d'intérêts. L'orgueil, qui est inséparable des avantages de la ri-
chesse, et l'envie, qui naît de la privation de ces avantages,
créèrent les distinctions de muscadins et de sans-culottes.
Ceux-ci opposaient l'orgueil de la pauvreté à celui de la ri-
chesse; ils ne la constestaient pas dans son principe et dans
ses droits, mais ils furent amenés progressivement à les res-
serrer et à les limiter. Ils étaient sur la voie par où la révolu-
tion, si elle ne s'était brisée, fut arrivée à l'abolition de la pro-
priété privée.
   Les circonstances devaient faire éclore ces germes non encore
développés, ces conséquences encore enfouies dans leurs prin-
cipes. Si la révolution avait pu dès l'abord se placer dans un
ordre régulier, il y aurait eu place dans cet ordre, durant
un grand nombre d'années, pour le concours pacifique du
capital et du travail ; le pauvre comme le riche, en goûtant
les fruits, quoique dans un degré inégal, il y aurait eu union
et alliance. Mais, au sein môme de l'ébranlement que devait
causer dans la société française la chute violente du trône, sa
plus ancienne institution, toutes les conditions économiques
de l'existence matérielle, le travail et la circulation, furent su-
bitement interrompues. Auseind'un territoire fertile, les sub-
sistances retenues ou accaparées, manquèrent presque totale-