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468 DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX principal foyer, dispersée et détruite, et les nombreuses dis- grâces de ses principaux disciples, et cette prison dans la- quelle la Saint-Alliance enferma quelque temps à Berlin son plus illustre représentant. Ce qu'a été la philosophie éclecti- que sous la restauration, elle l'est encore aujourd'hui. Avec non moins de fermeté et d'éclat elle défend l'indépendance de la raison, c'est-à -dire le principe même de toute philosophie con- tre les ennemis de toute nature qui dans leur aveuglement se sont imaginés que le moment était venu de l'enchaîner et la mutiler comme aux plus mauvais jours de la scholastique. C'est ainsi que l'éclectisme nous semble s'être montré dignes de l'héritage du XVIIe et du XVIIIe siècle, en continuant leur méthode et leur esprit, d'une part, dans la métaphysique pure, et de l'autre, dans ses applications à la morale sociale et politique. Telles sont les principales phases parcourues depuis Ramus jusqu'à nos jours par la philosophie française, et tels sont les caractères les plus généraux, soit de sa méthode, soit de ses principes. Par sa méthode, elle s'est en général préservée des écarts du scepticisme, du mysticisme et du panthéisme, car toujours elle a eu une foi ferme à l'autorité et à la souverai- neté de la raison, car elle a toujours pris son point de départ dans notre propre réalité immédiatement attestée par la cons- cience. Fidèle à la méthode psychologique, elle a reconnu, sauf de rares exceptions, la simplicité absolue, c'est-à -dire la spiritualité de l'ame, et constaté au sein de la conscience la co-existence d'idées absolues avec les idées relatives et contingentes. Mais tantôt, comme au XVIIIe siècle , elle a plutôt considéré ces idées en elles-mêmes et dans leur ori- gine, et tantôt comme au XVIIIe siècle elle les a plutôt sui- vies dans leurs applications sociales et politiques. A consi- dérer du point de vue le plus élevé la marche et les ten- dances de la philosophie française, on peut dire qu'elle a su