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                      MADEMOISELLE DE MAGLAND.                      . 427
    et à son arrivée il eut un long entretien avec M. de Malvignane et
    M. O'Kennely. Vainement Marie l'interrogea.—Je n'ai vu Raouj
    qu'un instant, nous n'étions pas seuls, je n'ai pu lui parler, répon-
    dit-il. Aussitôt son arrivée il quitta brusquement Hauterive et fut
    s'établir à Rolle sans vouloir donner le motif de cette détermination.
    Il ne venait au Pré-de-Vert que pour presser de tout son pouvoir les
    préparatifs du départ de Marie et de son oncle pour la Provence. On
    attendait Alix au Genêt, et l'on desirait éviter toute rencontre avec
    elle. Le jour du départ était fixé, quand un matin on vit arriver des
    fourgons, des voitures accompagnés d'un nombreux domestique,
    précédant de quelques heures la nouvelle propriétaire du Genêt.
    Ce jour là Auguste fut d'une humeur intraitable, brusquant tout
    le monde, même Marie et son oncle qu'il voulait faire partir sur
    l'heure.
       Le lendemain, par une matinée sombre et pluvieuse, la famille
    O'Kennely et ses hôtes étaient réunis dans le parloir dont la porte-
    fenêtre s'ouvrait sur une terrasse que la pluie inondait à grand bruit,
    le ciel était noir, les champs étaient déserts ; des troupes de cor-
    beaux s'abattaient lourdement dans les prés. Le lac, grossi par les
    pluies, avait débordé dans la plaine; tout n'était que tristesse et
    désolation ; le déjeûner pour lequel on avait longtemps attendu M. do
    Blossac.se prolongeait paresseusement ; on causait en prenant le
    thé ; on se complaisait dans ce sentiment de bien-être égoïste que
    le mauvais temps procure à ceux qui sont à l'abri. Tout à coup des
    pas lourds retentirent sur la terrasse, et un des nouveaux domesti-
    ques du Genêt entra apportant une caisse à l'adresse de Marie. Cu-
    rieux d'en voir le contenu, Auguste, à l'aide d'un couteau, en fit
    sauter le couvercle ; elle contenait divers objets d'art que Mario
    n'avait pas cru devoir emporter et que sa cousine lui renvoyait. En
    les dépliant, ses yeux s'arrêtèrent machinalement sur les papiers
    qui les enveloppaient. Une lame de feu traversa son cœur; chacun
    la vit pâlir : par discrétion on se leva de table, et, lorsqu'au bout
    de quelques minutes on la chercha du regard, elle n'était plus là.
    M me O'Kennelly, inquiète, se rendit dans sa chambre et ne la
    trouva pas; elle visita tout le cottage, questionna les domesti-
    ques, aucun ne l'avait vue. On ne devait guère supposer qu'el'?




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