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370 UGO KOSCOI.O. Les difficultés matérielles, les sollicitations d'une jeunesse ardente, ce qu'il y avait dans sa nature de fiçrté hautaine et fougueuse, le livrèrent, il faut bien le dire, a plus d'une er- reur condamnable ; mais quand il s'agit d'actes importants, il ne laissa jamais l'entraînement dompter ses convictions ; ce que, la conscience demanda, la volonté l'accomplit toujours. Foscolo fit de rudes sacrifices ; il les fit sans hésitation ; non pourtant sans en avoir mesuré la force, l'étendue et la durée. Le grand spoliateur des nations avait trompé les espérances de ! l'Italie, il l'avait terrassée et mise sous le joug ; Pindemonte i garda un timide silence ; Monti, parjure à la patrie, entama en un jour de lâcheté l'hymne triomphal du vainqueur, et depuis il eut un chant de fêle pour toutes les choses éclatantes de celte destinée ; la voix indignée de Foscolo releva l'Italie de son ^ abaissement. A cette ame inquiète des bruits flatteurs de la gloire, avide de loisirs intelligents et féconds, il eût fallu des encouragements souverains; mais pour les obtenir que de né- cessités honteuses, que de bassesflatteriesprodiguées au maî- tre! Le poète choisit la pauvreté et plus tard l'exil sur la terre étrangère. Foscolo était né a Zanle, en 1777, à Zante où trois fois les moissons jaunissent et la vigne fleurit sous le plus beau soleil, où l'oranger et le citronnier embaument les collines et les bords de la mer. Sa mère, Diamanle Spazy, était une fille d'Athènes ; elle parlait à ses enfants de la Grèce esclave et désolée ; son père, Andréa Foscolo, homme de cœur et méde- cin instruit, descendait de l'antique famille des Foscolo de Venise; il exaltait sa république, et le cœur d'Ugo se gon-l fiait à ses hauts récits. Ce père mourut à Spalatro, et Zanle redevint l'asile de tous. Foscolo avait à peine dix ans quand Venise lui apparut dans sa grandeur pompeuse et mélanco- lique, avec ses rues d'eau, ses palais de marbres vides, ses — femmes d'une beauté rovale sous leurs noirs vêtements, ses