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                      ET DE SA RÉPARATION.                     365

    plus à penser tranquillement que Dieu existe, mais, qui dit
    positivement de l'aimer et de le servir, il crie au mysticisme.
    Et, en conscience, il a peur du mysticisme comme d'un abîme,
    comme de l'anéantissement de toute philosophie ! Il est triste
    de s'apercevoir que ce mot qui servait à exprimer toute doc-
    trine où l'idée de Dieu prédomine sur celle du temps,
   cause à des philosophes le môme effroi que le mot de maté-
   rialisme causait jusqu'ici à tout spiritualiste honnête !
       Oui, on peut dire que tout rationalisme, comme tel, a tenu
   la piété pour ennemie, car quand il l'a possédée, il a été im-
   médiatement transformé, et est venu aboutir en elle. C'est
   ainsi que la noble pensée de Socrate, de Platon, de St-Paul,
   de St-Augustin, de Descartes, de Pascal, de Newton acheva
  glorieusement sa carrière. D'autres sont restés, comme Spi-
  noza, la tête dressée vers le ciel.
      Cette manière de voir a fini par amener une manière
 de faire; de la pensée, l'orgueil constitué a dû passer dans
  les mœurs. Aussi, le panthéisme, ou dernière raison de tout
 rationalisme, arrive par ses conséquences pratiques au milieu
 de la Société, d'abord à la négation de la religion, ensuite à
 l'affaiblissement de la morale, et, enfin sans l'avoir prévu, à
 l'abolition de l'homme : plus de piété, plus de charité, plus
d'impulabilité! Il y a toujours quelqu'un pour tirer les der-
nières conséquences d'un système, ce quelqu'un c'est tout le
monde.
     Certainement le rationalisme, effrayé de toutes ces consé-
quences, ne dira pas officiellement que l'ame subsiste et se
développe entièrement d'elle-même; mais les hommes du
Monde qui entrent dans ce point de vue agissent comme si
cela était. Or, c'est précisément ce que Dieu ne veut pas.
Dieu ne peut pas être absent du cœur qu'il entretient, et qu'il
n'entretient que pour le posséder. Figurez-vous un cœur qui
a perdu tout ce qui fait sa valeur devant l'absolu, l'amour;