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 334                   DE LA FAUTE DE LHOMME

mes de l'orgueil, c'est-à-dire entre les bons et les méchants,
la démarcation s'établit de la manière suivante : les hommes
qui ont de la religion, et les hommes qui n'en ont point.
   Car les hommes qui n'ont point de religion ne sont tout
simplement que ceux qui, renouvellanl le crime du premier
homme, ne veulent point de Dieu ! N'ayant pas assez d'a-
mour, ils s'attachent à eux-mêmes et à ce monde, oublient
Dieu el par suile leurs semblables, qu'ils considèrent comme
valant moins qu'eux, et comme indignes de leur estime et de
leur charité.
   Les hommes qui ont de la religion ne sont tout simple-
ment que ceux qui conservent la primitive loi d'amour. Ils
se sentent un grand besoin de s'unir à Dieu, el ils se déta-
chent autant qu'ils le peuvent d'eux-mêmes et de ce monde.
Fidèles et attachés à Dieu, ils le sont à leurs semblables, qu'ils
considèrent comme infiniment dignes de leur justice et de
leur charité.
   La démarcation entre l'amour et l'égoïsme ne se fait donc
pas autrement dans la conscience, à savoir : les hommes de
la foi et les hommes du doute. Car les hommes de la foi
ne sont tout simplement que les hommes qui aiment ; et les
hommes du doute, que ceux qui n'aiment pas.

   Voici comment cela a lieu :
   La foi n'est aulre chose que l'ardente croyance à un Monde
invisible où le bonheur nous attend après l'épreuve de celui-
ci. Pour avoir la foi, il faut donc beaucoup d'amour. Le doute
n'est aulre chose que l'indifférence pour ce Monde invisible
avec la conviction qu'il faut commencer à prendre son bon-
heur dans celui-ci (1). Pour douter, il faut donc ne plus aimer.

   (i) Dans ce dernier fait, vous reconnaissez point pour point le crime clti
premier homme : i;i jouissance (oui (!e suite, avant l'épreuve, avant l'amour .'