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                   MÉMOIRE SUR l'ATLANTIDE.                  297

que les prêtres de Sais n'ont pas probablement conservé dans
leurs annales tous ces détails descriptifs et moraux. Les an-
nales des peuples anciens, courtes et succinctes, ne compre-
naient guère que les événements principaux des villes et
des peuples et la généalogie des princes et des rois.
   Quant au Timée, voyons avec quel soin Platon cite ses au-
torités. Voyons comme il annonce, au commencement de son
récit, comme il répète à la fin que son Histoire des Atlantes,
quoique peu vraisemblable, est cependant très vraie. Si tout son
récit n'était qu'une fiction, aurait-il osé parler ainsi et com-
mencer d'un ton si propre à inspirer la confiance. « Toutes
les fois que Platon avance une pure fiction, dit Marsilius
Ficin (1), un de ses plus savants traducteurs et commentateurs,
il l'annonce expressément comme fiction. » D'ailleurs, nous
verrons que l'Egypte pouvait avoir conservé, plus que toute
autre contrée, la tradition de l'Atlantide, et il n'est pas éton-
nant que les prêtres de ce pays depuis si longtemps civilisé,
aient communiqué à Solon ce qui avait été consigné dans les
mémoires du temps et sur les monuments publics, touchant
celle vaste région et l'événement désastreux qui l'avait fait
disparaître.
   Voyons, d'ailleurs, quel était le but du Timée. Le Timée est
un traité où, sous la forme du dialogue, à la manière de
Socrate, Platon se propose de donner la connaissance des
facultés de l'âme, de faire connaître qu'il y a des Dieux ven-
geurs du crime et rémunérateurs de la piété et de la vertu,
et, en môme temps, de détruire les objections et les blasphè-
 mes de athées contre la Providence. Or, il commence son li-
vre par l'histoire des Atlantes, qui est parfaitement appropriée
 à son sujet. L'histoire de ce peuple comblé des bienfaits du
ciel, tant qu'il est juste, puni, anéanti par une catastrophe

  ( 0 Argumentum in Critiam vel Allanticum,