Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE.                    277

où chacun avait vécu. Alors le plus âgé de ces prêtres s'écria :
Oh ! Solon, Solon ! Vous autres Grecs, vous êtes tous des e n -
fants, et il n'y a aucun vieillard parmi vous.
   « Solon lui demandant pourquoi il parlait ainsi, c'est, lui
répondit-il, que votre esprit est toujours jeune dans ses sou-
venirs, vous n'avez aucune idée des traditions antiques, vous
n'avez conservé aucune mémoire des siècles écoulés, vous ne
possédez aucune connaissance des premiers temps. Cette igno-
rance vient des nombreuses et différentes mortalités et des-
tructions que votre nation a éprouvées. Les plus grandes ont
été procurées nécessairement, ou par des conflagrations su-
biles ou par des inondations générales; les moindres, par
mille autres calamités. Car, ce qu'on raconte parmi vous de
Phaêton, fils du Soleil, qui, montant le char de son père, et
inhabile à le diriger, mit en flammes la surface de la terre,
et fut lui-môme la victime des feux célestes, quelque fabu-
leux que ce récit paraisse , doit être cependant regardé
comme vrai. Car il arrive, après de longs intervalles, une
certaine perturbation des mouvements célestes que des con-
flagrations générales sui13nl nécessairement. Alors ceux qni
habitent des lieux élevés et arides périssent en plus grand
nombre que ceux qui sont dans le voisinage de la mer et des
fleuves. C'est ainsi que le Nil, qui nous est d'ailleurs si utile,
éloigne de nous la calamité dont nous parlons. Lorsque les
dieux jugent à propos de purifier la terre par un déluge, les
peuples pasteurs qui habitent les montagnes évitent ce péril;
mais vos villes, situées dans la plaine, sont emportées par les
fleuves débordés et furieux ; au lieu que, dans notre patrie, ja-
mais on n'a vu les eaux venir avec impétuosité ravager nos cam-
pagnes : nous n'avons aucune montagne aux environs qui
puisse fournir ces torrents; l'eau, au contraire, nous vient du
sein de la terre par des conduits souterrains. Voilà la raison
pour laquelle les traditions antiques se conservent si facile-