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DE L'ENSEIGNEMENT RÉGULIER, ETC. 229 carrière lucrative; ou bien elle est un sujet d'expériences pour un certain nombre de philanthropes à vues systémati- ques, ou bien enfin elle est envisagée comme un moyen puis- sant d'agir sur la société, et de lui donner au bout de quel- ques années un caractère conforme à certaines vues. Ce qui devait être un but n'est plus qu'un instrument, et ce dont on se préoccupe le moins, c'est de former des hommes dignes de ce nom. Parmi ceux-là même qui désirent pour l'enfance une édu- cation dirigée de manière à assurer à la fois le bonheur de l'individu et celui de la société, les vues sont très diver- gentes et même opposées ; tandis que les uns ne voient dans l'éducation que la préparation à une vocation spéciale, et re- gardent comme nuisibles ou tout au moins inutiles des éludes qui n'auront pas une application fréquente et immédiate, les autres soutiennent, et, suivant nous, avec raison, qu'il faut s'attacher surtout à fortifier les facultés de l'enfant, et à lui donner une instruction générale qui ouvre son intelligence ; mais, parmi ceux-ci, les uns demandent qu'on forme avant tout son jugement, les autres qu'on exerce et nourrisse sa mé- moire ; d'autres pensent qu'on devrait exciter davantage son imagination, et s'efforcer de faire naître en lui des idées et des images -, ils regrettent pour l'enfant de nos jours ces heures de nonchalantes rêveries qui ont tant contribué, disent- ils, à ouvrir leur esprit, à élever leurs pensées, à exalter leurs sentiments. Enfin, sous le rapport moral, ceux-ci se plaignent amèrement de la présomption et de la suffisance de la jeunesse, et l'accusent des désordres qui troublent si sou- vent la société ; ceux-là prétendent, au contraire, que nos enfants manquent d'énergie, de fermeté, de résolution, qu'ils se défient trop d'eux-mêmes, et n'osent pas vouloir ce qu'ils savent être bien. Au milieu de toutes ces tendances diverses et opposées qui