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ET LES MOINES DU MONT-CASS1N. 22? sion jusqu'ici de défendre le catholicisme, et qui appartient même à la Réforme, si je ne me trompe. Voici donc ce que disait M. Marmier, dans un ouvrage assez récent : « Il arriva ici ce qui est arrivé dans le reste de l'Europe. Le papier n'était pas encore inventé ; le parchemin était rare et cher. Des Religieux grattèrent les manuscrits classiques qu'ils avaient entre les mains pour y écrire leur rituel. On leur a si souvent et si amèrement reproché ce fait, que je ne veux pas les placer encore une fois sur la sellette pour les faire con- damner par l'aréopage philosophique. J'essaierais plutôt de les justifier. Quand on les taxe aussi durement de vandalisme, on oublie trop, ce me semble, dans quel siècle ils vivaient, et quels leçons ils avaient reçues. Comment auraient-ils pu com- prendre les richesses de l'antiquité grecque, l'élégance des écrivains de Rome, ces pauvres prêtres qui, dans leurs écoles de couvent, n'avaient appris qu'un latin barbare? Comment auraient-ils pu avoir tant de respect pour les fictions du pa- ganisme, ou l'histoire d'Athènes, ceux qui vivaient dans une croyance si austère, ceux qui dataient leur histoire d'une crèche? Ils enseignaient volontiers au peuple ce qu'ils sa- vaient, mais ils ne pouvaient en enseigner plus. Le vanda- lisme dont on les accuse n'était pas leur faute, c'était celle de leur temps, et, au risque de me faire aussi passer pour van- dale, j'ajouterai qu'à l'époque où le christianisme fut intro- duit dans le Nord, où le prêtre avait à lutter contre les mœurs grossières et le caractère impétueux, vindicatif d'un peuple de soldais, un livre de prières était beaucoup plus utile aux progrès de la civilisation que les Epigrammes de Martial on les Métamorphoses d'Ovide (I). » J'ai l'honneur d'être, Monsieur, etc. F . - Z . COLLOMBET. ( i) Marmier, Essai sur la littérature Scandinave, pag r.',.