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               ET LES MOINES DC MONT-CASSIN.                   223

saint Benoît, puis de tous les saints Religieux qui furent des
prodiges de contemplation, et qui surent,
                                          dans les cloîtres,
          Poser le pied terme et tenir leur cœur solide (i).

   Depuis le 52e vers jusqu'au 72e, récit du dialogue entre le
poète et saint Benoît, mais pas un mot des moines. Au 73e ***
vers éclate ce torrent d'invectives contre les moines, et cepen-
dant nous ne trouvons pas une seule syllabe qui indique en
particulier le Mont-Cassin ; il n'y a que d'amers propos mis
dans la bouche de saint Benoît par Allighieri. Or, toutes ces
gracieuses peintures d'Abbayes transformés en cavernes, ces
moines changés en sacs de farine, ne viennent que de cette
première sentence :
                               E la regola mia
          Rimasa è giù per danno délie carte ,

en d'autres termes, de l'inobservance de la Règle. Si cette
inobservance dérivait de ce que les moines du Cassin tailla-
daient les manuscrits, il n'y avait que ces mêmes moines qui ,
pussent être accusés de l'abandon de cette règle. Pourtant, le
discours s'adresse en général à tout l'Ordre ; donc, ou bien il
faut dire que le dégât était l'œuvre de l'Ordre tout entier,
ou bien il faut avouer que, de la faute d'une seule Abbaye,
Dante infère celle de tous les autres monastères, et alors il
aurait fait commettre une solennelle injustice à cette perle,
qui était la plus brillante de toutes.
    Passons maintenant au gracieux récit de Boccace, et voyons
s'il est en tout vrai ou faux, ou bien si le célèbre nouvellier
l'a embelli d'un certain accompagnement de circonstances
imaginaires.

  (i)                        Che dentro a' chiastri
               Fermai'li piedi e tennero '1 cuorsaldo.