page suivante »
156 MADEMOISELLE DE MAGLAND. plus habiles ouvriers. Portez-le, Marie, jusqu'à ce que publique- ment je vous en offre un autre, vous me rendrez alors celui-là qui ne me quittera qu'avec la vie. — Marie avait ce naturel franc et sim- ple, qui était un de ses plus grands charmes, le cœur palpitant, la rougeur sur les joues, lui tendit les bras, et leurs lèvres, comme si elles se fussent appellées, s'unirent en un long baiser, le premier qu'elles eussent reçu et donné. Marie passa l'anneau à son doigt, non sans avoir lu ce mot: bientôt! qui était gravé à l'intérieur ;-— a h ! voilà qui va faire bien du tort au Cid, dit-elle, en regardant Raoul encore tremblant de bonheur. — Ils rentrèrent au salon, à la porte duquel M. de Blossac les attendait : — M. votre père a bien voulu m'aider à vous offrir quelque chose qui pût me rappeler d'une manière agréable à votre souvenir, dit-il à Marie, en la conduisant devant un beau portrait de M. de Magland, d'une parfaite res- semblance. — Mon Dieu, mais on veut donc me faire pleurer do bonheur aujourd'hui, dit Marie, d'une voix émue, en tendant les mains à l'aimable ami qui lui procurait une si douce surprise. — C'est M. Auguste qui a eu l'idée de faire mon portrait, dit M. de Magland, tu lui dois des remercîments, mais à moi à qui il a pris quinze grandes matinées, employées à me faire poser et à se fâ- cher, cela ne mérite-t-il pas quelque chose? Marie, pour toute ré- ponse, l'embrassa. — Tiens, ma fille, mets cela avec ce bel anneau que je ne te connaissais pas, dit en souriant M. de Magland, en tendant à Marie un magnifique bracelet orné d'un camée du fa- meux Nassaro, celui qui fit ceux du collier de Diane de Poitiers, qu'on voit à la Bibliothèque royale. — Marie, enchantée, en faisant admirer son bracelet à tous ceux qui étaient présents, s'approcha de Mme de la Rochemarqué qui, restant tout-à -fait étrangère à ce qui se passait autour d'elle, n'avait pas trouvé un mot à adresser à Marie, dans ce jour où elle était l'objet des attentions de tous. Alix qui n'avait pas quitté d'un seul instant la mère de Raoul, prit le bracelet, et, après l'avoir examiné, dit à Marie, en le lui attachant au bras: pour la somme que cette pierre a coulé, vous auriez pu avoir un beau diamant qui aurait toujours sa va- leur, tandis que cela n'est qu'une affaire de goût. Moi, je pense au solide, voici de mon ouvrage, ma cousine, ajoula-t-elle en pré-