Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
J52                MADEMOISELLE DE MAGLAND.

   C'est avec la confiance et le courage que donne une véritable af-
fection, que je vous fais part de toutes mes inquiétudes pour voire
bonheur à venir, et que je m'impose le devoir de vous guider et
de vous éclairer. Ce n'est point ici, vous le savez, le ressentiment d'un
cœur froissé qui vous montre ses blessures pour que vous évitiez
le combat; l'amour n'a été pour moi qu'une suite d'émotions douces;
la tranquillité de mon imagination , des devoirs d'intérieur, une
foule de soins forcés , des habitudes monotones peut-être, mais qui,
par là même, ont une influence continuelle, m'ont préservée de ces
émotions passionnées que je redoute pour vous. Je serais si heureuse
de vous voir ignorer toujours les maux que je n'ai point connus! Lais-
sez à mon amitié l'espoir que le mariage sera pour vous ce qu'il a
été pour moi : un port, un abri contre toutes les douleurs d'ici-bas.
   Mon excellent Edouard vous dit mille choses affectueuses. Malgré
le climat délicieux que nous habitons, DOUS nous prenons souvent,
au milieu de toute cette splendeur méridionale de fleurs et de
soleil, à regretter la Suisse où tout est frais, et exprime un bon-
heur tranquille et laborieux. Séparées que nous sommes, nous n'a-
vons plus les mêmes habitudes; il est presque impossible de nous
communiquer les mille détails dont la confidence journalière nous
plaisait tant, mais nos actions, nos impressions, la situation do
notre esprit, voilà ce qui ne doit jamais nous être indifférent,
car nos cœurs ne peuvent devenir étrangers l'un à l'autre.
  Adieu ma charmante Marie, écrivez-moi, aimez-moi, et prenez
confiance en vous et en l'avenir. Adieu encore, quand nous retrou-
verons-nous sous les frais ombrages du tant doux Pré-de-Vert !
  Mille remerciments pour vos soins à ma pauvre Souky qui vous
nomme son bon ange.

                                  VI.

   Le jour où l'on devait célébrer en même temps au Genêt, la fête
de VEscalade et l'anniversaire de la naissance de Mlle de Magland,
le temps était beau, quoique le froid fut très vif. Lorsque la voi-
ture qui amenait Mme de la Rochemarqué et son fils, monta l'avenue
du château, de joyeux rires vinrent frapper leurs oreilles ; la mère