page suivante »
102 MONOGRAPHIE HISTORIQUE non effacé de leur première origine. On croit les reconnaître à leur figure maigre et basanée, à leurs cheveux crépus, à leur petite stature, à leurs regards hardis et pénétrants. Cette remarque a déjà été constatée par l'auteur érudit des Recher- ches archéologiques sur le Bugey ; nos propres observations tendent plutôt à la confirmer qu'à l'affaiblir. Lorsque des familles plus ou moins empreintes de ce ca- ractère arabe ou mauresque se nomment encore Babolah , Kaffon, Cisa-Buiroz, la présomption de leur origine sarra- sine acquiert une grande consistance, et doit figurer comme une chose remarquable parmi les éléments de notre apprécia- lion historique (1). Dans cette disquisition des vestiges sarrasins et des tradi- tions populaires qui s'y rattachent, nous ne devons pas omet- tre une contrée que l'histoire môme désigne comme un théâtre de leur occupation et de leurs brigandages. L'historien Nos- tradamus rapporte que les Maures s'étaient rendus maîtres de Culle (2), et que de là ils infestaient le pays. Outre ce châ- teau fort qu'ils occupaient, nous les trouvons encore retranchés dans le voisinage, sur des hauteurs escarpées où ils s'étaient fortifiés* On voit, sur le rivage du Rhône, un mont isolé et séparé de Culoz par un marais d'une grande étendue ; c'est le Molard de Lavours. D'un côté, il est baigné par le fleuve ; de l'autre côté, s'étend à ses pieds le village de ce nom. Si des hauteurs Voisines, du Colombier, par exemple, la montagne la plus élevée du Bugey, on jette les yeux sur cette partie littorale (i) Hist. de Provence, i r c part, page 75. (2) M. D. Monnier présume que Culle ou Culloz lient son nom des Sarrasins. A l'appui de cette opinion, il présente des analogies remarqua- bles ; il cite, entr'autres, Cullu, ancienne ville de Numidie. La terminai- son de Culoz indique, en effet, une dénomination sarrasine. Recherches arch. du Bugey, pag. 17;.