Revue du Lyonnais » série 1 - n°22 ( 1845 ) » pp.068

68                MADEMOISELLE DE MAGLAND.
aux ordres dès son enfance, M. O'Kennely serait sans doute parvenu
à une haute position, s'il n'eût mécontenté sa famille en épousant
une jeune anglaise, riche en qualités, mais pauvre en patrimoine.
Il quitta l'Angleterre pour la Suisse. 11 habite, tout près du Genêt,
une charmante maison qui rappelle tout à fait ces jolis cottages se..
mes sur la route d'Islington, entre Londres et Richmond. M1!e de
Magland goûte beaucoup la société de Mme O'Kennely, quoique d'un
caractère diamétralement opposé au sien. C'est, dit-on, une femme
calme, sans entraînement, sans passion, mais sincère et dévouée
dans ses affections. Sa santé, frêle et chancelante, l'oblige à passer
l'hiver dans le Midi de la France, où son mari l'a accompagnée.
   Je crois, ne t'en déplaise, que je resterai longtemps ici. Nous
avons- des concerts tous les soirs, des bals fréquemment, et,
mieux encore, des courses en traîneau, et des chasses au loup à te
faire frémir, toi, Parisien, chasseur de la plaine de Grenelle. Tu vois
qu'avec tout cela, et la gracieuse et élégante hospitalité du Genêt,
on peut encore trouver la vie possible, ailleurs qu'à Paris.

  Adieu! écris-moi.
                                                Ton ami,
                                         AUGUSTE DE BLOSSAC.



        [La suite au prochain numéro).