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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 63 peintres, des artistes enfin, pour amuser les oisifs, mais la seule obligation des femmes de notre rang est d'élever leurs enfants et de soigner leur ménage ; rappellez-vous mon fils qu'on n'est heureux que parce qui est convenable, et il ne l'est pas qu'une fille élevée comme M11" de Magland l'a été, devienne votre femme. » Pendant longtemps, toutes les prières, toutes les supplications de Haoul vinrent se briser contre l'entêtement systématique de sa mère; ce ne fut qu'à la longue et lorsqu'elle vint à penser que son autorité pourrait être, à la fin, ou bravée, ou méconnue, qu'elle céda, mais sans revenir de ses prétentions, qu'elle ne cherchait pas à cacher même à celle qui en était l'objet. Les choses en étaient là , lorsque le hasard rapprocha encore une fois Auguste de Blossac et Raoul ; M me de la Rochemarqué n'osa point cette fois s'opposer aux désirs de son fils, et elle reçut M. de Blossac à Hauterive, où nous avons vu qu'il s'apprêtait à passer l'hiver. III. AUGUSTE DR BLOSSAC A CHARLES DE BOUTRAY, A P A R I S . Hauterive. « Je t'ai dit que Mlle Alix était fort belle. Figure^toi quelque chose de la statuaire grecque dans la ligne du front, et du nez; un ovale parfait, des cheveux d'un châtain douteux, se massant d'eux- mêmes en larges ondes, donnent à l'ensemble de sa tête un aspect numismatique. Ses yeux sont bleus, gris, verts, ou de ces trois cou- leurs à la fois, peut-être d'aucune, je n'en sais rien, mais je puis af- firmer n'avoir jamais rencontré un plus singulier regard ; il a quel- que chose de fauve, de féroce presque, à l'instant où il s'attache sur vous, puis il s'adoucit par degré jusqu'à la douceur la plus fas- cinatrice. Je ne saurais mieux te peindre l'expression de sa physio- nomie qu'en te disant qu'elle m'a rappelé subitement la Mathilde de