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•20 EXCURSIONS J'aime Verdun comme un enfant. Verdun est pour moi an petit univers où je trouve toutes choses h leur véritable place: c'est le reflet le plus pur de Chalon, au point de vue de la cordialité, du sans façon amical, de l'aménité des mœurs, de la franche et antique bonhomie. Verdun est pour une partie de la Bresse chalonnaise qui l'avoisine, ce qu'est Au- tun pour les montagnards de ses alentours, YUrbs, l'expres- sion de la civilisation, le centre social du pays, la ville par excellence. A voir toutes ces petites maisons avec leurs petits jardins, derrière, séparés par un mur à hauteur d'appui qui se prèle aux poignées de main, aux causeries du soir et du matin ne reconnaît-on pas de suite que l'on est dans le do- maine le plus absolu de la fraternité? Si jamais un phalans- tère s'établit à Verdun, il aura peu à faire, car tout est prêt pour le recevoir : il y a longtemps que ses habitants y mè- nent à peu près la vie commune. Il faut passer outre, mais non sans dire que de toutes les petites villes posées sur la Saône, Verdun est sans contredit la mieux partagée en avantages de toute nature. Il y a entre Verdun-sur-le-Doubs et Seurre (Côte-d'Or), sa proche voisine, une grande dissemblance de physionomie morale et physique. A Verdun, toutes les figures que vous rencontrez sont courtoises, avenantes, joviales; l'aménité, la cordialité, la franchise sont peintes sur tous les visages; on voit que l'on a affaire à une population qui aime le plaisir. Les rues sont blanches, proprettes, jolies ; la ville est ouverte et aérée ; à Seurre, au contraire, tout annonce dans la po- pulation les préoccupations d'affaires et d'argent qui tuent la cordialité et la gaîté ; les visages sont froids et secs, la ville est noire et triste. L'église de Verdun n'a rien de mo- numental; toutefois elle est propre, vaste, bien ornée; son plafond en bardeaux cintré en anse de panier, avec entraits et poinçons, peint d'azur, est un des plus beaux du genre»