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                       BULLETIN ARTISTIQUE.



GRAND-THÉATRE.       DÉBUTS : M . DlIFEYTE, M l l t s BOUVARD, El.IAX.           TuÉATRK
         DES CÉLESTINS : AcHARD.       CERCLE MusICAl. : LOUIS L A C O M B E .


  Il existe encore au milieu de nous une classe de parias et d'ilotes, les
artistes de théâtre. Nos mœurs sont, à leur égard, d'une sauvagerie, d'une
brutalité qui forment un choquant contraste avec cette prétendre civilisation
dont nous sommes si fiers. Chaque année , à l'époque des débuts, voit se
renouveler sur Tune et l'autre de nos scènes des actes dignes d'une peuplade
de barbares. En effet, l'humiliation,les injures et les sifflets forment le cortège
obligé de tout malheureux débutant. Ce n'est pas assez pour lui d'échouer, il
faut encore qu'il subisse toute la honte de sa défaite, défaite bien souvent
anticipée. Car il est dés juges pour lesquels un seul début est plus que suf-
fisant, et chez qui l'amour-propre ne permet jamais de revenir sur un arrêt si
hâtivement rendu.
  Ces réflexions nous sont inspirées par les scènes affligeantes et scanda-
leuses qui ont eu lieu à l'occasion de quelques débuts, et surtout à propos de
notre ténor M. Dufeyte. Cet artiste, d'un incontestable mérite, s'est vu, par
le fait de cette précipi.tation de jugement dont nous parlions tout à l'heure,
en bvitte à une opposilion systématique sur les causes de laquelle nous nous
abstenons de nous prononcer. M. Dufeyte est pour notre théâtre lyrique
une   précieuse acquisition.   Sa voix est franche et naturelle, sa méthode
excellente et son jeu fort convenable. La Favorite, la Juive et les Martyrs ont.
été pour lui de véritables succès. Quel est aujourd'hui le ténor complet?
Duprez n'aborde Robert qu'à son corps défendant. N'ayons pas le vandalisme de
repousser da notre scène un homme de talent, parce que sa voix ne peut suffire
à tout, faisons-lui place, au contraire, et laissons arriver M. Dumouchel qui
vient doubler M. Dufeyte. Notre forte chanteuse, M l l e Bouvard possède un
fort bel instrument, mais elle ne sait pas encore en tirer tout le parti néces-
saire. Sa voix parcourt uu registre étendu, et, sans cesser d'avoir du charme,
arrive aux notes graves qui sont d'une rare beauté. De. sérieuses éludes
musicales sous un maître h a b i l e , M.     Jansenue,     par exemple,         appren-
dront à cette jeune et jolie personne l'art de r e s p i r e r , de poser sa voix,
de donner enfin à sou chant le style et le caractère que réclame chacun
de ses rôles. M l l c Elian nous est arrivée précédée par une réputation qui
ne s'est point justifiée entièrement. C'est bien là, en effet, une habile canla-