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DE LA RAISON IMPERSONNELLE. 467 voilà seulement en quoi consiste le progrès religieux. » Une intéressante revue des religions de l'Inde, de la Perse, de l'E- gypte, de la Grèce, faite d'après les données nouvelles de la science, démontre aussitôt que, dans tous les polythéismes, la hiérarchie céleste est couronnée par un Dieu maître des au- tres dieux, représentant plus ou moins parfait de l'idée d'in- fini ; mieux étudié le Dualisme persan lui môme y rend hom- mage, car les deux principes s'inclinent devant un pouvoir supérieur et unique. Bien que par l'observation ils ne saisissent entre les phé- nomènes qu'un rapport dé succession et non de causalité, les hommes ne doutent pas que tout effet ait sa cause; l'expé- rience ne leur montre qu'une étendue et une durée limitées, et pourtant ils croient que tout corps est dans l'espace et tout événement dans le temps; avant de connaître les lois de l'u- nivers, ils affirment qu'il est régi par des lois immuables; ils proclament une règle du beau, une règle absolue et obliga- toire du bien, quand tout autour d'eux est contingent et re- latif. D'où viennent donc ces idées qui s'imposent à nous in- dépendamment de l'expérience?— De la raison, car c'est ainsi que M. Bouillier la décompose et qu'il dresse la liste des idées que nous tenons d'elle. Mais s'il est vrai que la raison nous mette en rapport avec l'infini, les notions qu'elle nous transmet y doivent être toutes réductibles. Faisant donc le tour de l'idée d'infini, l'auteur à chaque pas en découvre une nouvelle face qui n'est autre qu'une des idées de la raison- Cette identité démontrée, l'idée d'infini est en définitive la seule idée de la raison, comme Dieu en est le seul objet. Dieu ! l'infini ! tels sont les sommets d'où descendent les eaux dont l'humanité s'abreuve! c'est là qu'il faut chercher le foyer de lumière incré qui envoie jus- qu'à nous de lointains reflets. L'imagination séduite accueille celte théorie pour sa grandeur avant que la raison convain-